Cette histoire est un hommage à Philippe Ebly. J'ai découvert ses romans, illustrés par Yvon Le Gall, vers 1978-1979 dans la Bibliothèque Verte. C'est l'un des auteurs qui ont enflammé mon imagination quand j'étais gamin puis ado et ont contribué à me mettre définitivement hors du monde réel. 

 

Ce n'est ni une adaptation, ni une imitation. Certains de ses personnages sont arrivés, comme bien d'autres, dans mon monde miniature sous forme d'avatars. Ces avatars ont pris leur liberté, leurs aises, leur quasi indépendance. Ils ont fait un peu de figuration dans d'autres mini-superproduction. Maintenant, ils exigent d'avoir leurs propres aventures. Et comme c'est un hommage, "Les volontaires pour l'impossible" recèlent de nombreuses références à l'oeuvre de Philippe Ebly, que je remercie humblement et joyeusement de m'avoir donné la passion de vouloir tout lire de lui. Jusqu'à la fin des années 80 : j'avais trop grandi, le style, les histoires et les illustrations avaient changé, j'ai décroché. Mais jamais complètement. En voici la preuve.

 

Le nom de ma fine équipe de mini-héros est une fusion des "Conquérants de l'impossible" et des "Volontaires pour l'inconnu". La deuxième série m'a sans doute plus marqué. Voici donc nos nouveaux habitants du Jardin secret des nations miniatures, dont deux ont gardé le nom donné par Philippe Ebly :

Dydrar, Thoryn, Kouroun et Noïm.      

 

  

La Baie de l'Authie, au sud de Berck-sur-Mer. Peu de gens savent (et d'ailleurs il ne faut surtout pas que ça se sache !!) que la campagne à l'arrière du cordon dunaire abrite un immense jardin soigneusement clôturé, dissimulé aux yeux extérieurs. C'est une sorte de monde parallèle de 200 mètres de côté. Il sert depuis des décennies d'abri à des peuples miniatures, sous la garde de la Confrérie des Grands protecteurs, qui leur apporte sécurité et soutien logistique. La population de ce monde méconnu atteint aujourd'hui les 300 000 personnes et il existe, répartie un peu partout en France, une trentaine de petites colonies.

 

 

 

 

L'empire d'Orchide, une des 14 mini-nations, a sa capitale dans une serre au centre du jardin. Les mini-gens y cultivent eux-mêmes les fruits et légumes dont ils ont besoin. C'est aussi un lieu dédié à la beauté, au plaisir des sens, à la flânerie, à la méditation. 

9 septembre 2021. Ce matin-là, la princesse Geldoush faisait bien plus que méditer. L'étrange jeune femme avait un don : chaque fois qu'elle prenait un bain dans le Bassin d'Etain, au coeur des jardins du palais impérial, elle avait des visions de l'avenir. En général, c'étaient des signaux d'alerte qui annonçaient l'approche d'un péril encore mal défini à ce stade... Geldoush fascinait et inquiétait un peu ses concitoyens orchidiens. On la surnommait "l'Oracle de l'Eau" et tout le monde au palais avait des appréhensions quand elle se tremper dans le bassin. 

 

Geldoush : Mon oncle... Les nouvelles ne sont pas bonnes. L'objet maléfique est de retour. Mon cousin Catudila ne dit mot mais il s'apprête à partir dans les colonies de la baie pour s'en emparer, j'en suis convaincue. Il semble être aidé par... Je en comprends pas... C'est flou, sans forme, c'est comme s'il n'existait pas vraiment. Je croyais que c'était une légende. Il a pour nom Iskiz, le mauvais esprit des sables.  

 

Gason Authienoüs : Il aurait dû n'être q'une légende, cela aurait nous aurait bien arrangé. Je sais que mon neveu a des rendez-vous secrets ces temps-ci, il nous prépare quelque chose... Alors Iskiz et le Poisson d'Or refont surface, au sens propre comme au figuré.

Geldoush : C'est ce que je ressens. Maintenant... Une prémonition ce n'est pas un documentaire, je ne suis sûre de rien de très précis.

Gason Authienoüs : J'ai trop l'habitude de tes prémonitions, ma confiance est totale. Un vrai gros danger se présente pour le mini-monde et tu es une excellente lanceuse d'alerte. Voilà du travail pour l'Organisation Xhenn. Je vais t'éclaircir certains points que tu ignores encore.

 

 

La princesse Geldoush était rentrée chez elle, dans ses appartements du palais, pour réfléchir. Elle prit une décision et appela sa dame de compagnie, la comtesse Tutkassanis.  

 

Geldoush : Madame Tutkassanis, s'il vous plaît, aidez-moi à préparer les bagages. Il faut des choses simples et pratiques pour un séjour d'au moins 2 semaines dans le désert.

 

 

 La comtesse : Dans le désert ?!? Jamais de la vie !! Quelle nouvelle folie vous prend, Votre Altesse ? Le désert est un endroit malsain et dangereux ! On n'y trouve que des insectes écoeurants et fouisseurs et des oiseaux voraces qui vous picorent comme un rien ! On y aurait même vu des ragondins ! Des ragondins, Mademoiselle !! 

 

Geldoush : C'est un mythe, une légende urbaine : les ragondins, ça n'existe pas.

La comtesse : Vous vous moquez de moi, Mademoiselle. Mais jamais je ne franchirai la clôture !

 

Geldoush : Oui, je sais... Pour la plupart d'entre nous, la clôture a fini par se poser dans nos têtes. Je ne vous demandais pas de m'accompagner, Comtesse. En revanche, vous voudrez bien vous occuper de Noémie. La cuisine prépare son repas. Elle est au régime, voyez-vous, faites attention à cela, je vous prie.

La comtesse : Comment voulez-vous que je sache ce que cette créature mange quand elle est dehors ? Allons, faisons vos bagages. Je vous en supplie, prenez soin de vous, veillez à limiter au maximum les aventures inconsidérées et les cascades, pas comme la dernière fois... 

 

 

 

Une heure plus tard, Geldoush était prête à rejoindre le centre du palais, la cour d'honneur sur laquelle donne aussi l'université impériale. 

 

 Geldoush : Ah, Noémie ! Te voilà. 

 

Geldoush : Je dois m'absenter. Sois sage et essaie de ne pas faire peur à Madame Tutkassanis. Je sais que ça t'amuse beaucoup et que tu ne peux pas t'en empêcher mais quand même, sois gentille avec elle. 

 

 

 La comtesse : A nous deux, sale bête...

 

 Vestibule de l'université impériale d'Orchide.

 

 Le soldat : Monsieur Thoryn ?...  Monsieur Thoryn !...

 

Le soldat : Monsieur Thoryn ?

L'homme : NNNON !!

Le soldat : Désolé pour vous.

 

Le soldat : Monsieur Thoryn !...

Thoryn : Euh, oui, donc c'est moi... Mais qu'est-ce que...

Le soldat : J'ai un message pour vous de votre ami Dydrar. Le message est le suivant : "Thoryn..." 

 

Dydrar : "...On a besoin de nous". (petit clin d'oeil à certains prologues de la série "Chapeau Melon et bottes de cuir" : "Madame Peel, on a besoin de nous")

Thoryn : Très drôle. Et moi qui aime rester discret en toute circonstance.

 

Dydrar : Pour que le seigneur Overno nous demande en urgence, il doit se passer quelque chose de grave. Il nous attend dans les thermes. Drôle d'idée.

 

 Celui qui venait de parler ainsi s'appelait donc Dydrar. Il avait 22 ans, comme Thoryn et Noïm. Ses amis et lui faisaient partie depuis quelques années de l'Organisation Xhenn, un groupe très discret créé par des savants de l'université et voué à la protection du doux pays d'Orchide contre les phénomènes paranormaux que le jardin secret, à la surprise générale, semblait concentrer. Dydrar était un peu le chef de cette équipe, il rédigeait les rapports de mission. Il était d'un naturel calme et réfléchi, toujours lucide et pragmatique et souvent taciturne, mais en apparence seulement. Son ami d'enfance Thoryn était parfaitement complémentaire avec lui : ouvert et sympathique, bavard et artiste, plutôt casse-cou. Thoryn adorait les jeux de mots, les blagues faciles et les calembours et il avait lui aussi un don : celui d'agacer régulièrement Kouroun.

Kouroun, 21 ans, était un garçon de la nature, aventurier solide et taiseux, jamais en manque de solutions et de ressources, très estimé par les nomades du désert avec lesquels il avait vécu. A 14 ans, il avait quitté la maison de ses grand-parents, qui occupaient de hautes fonctions dans le service impérial, pour rechercher son père Ar-Tann qui vivait en ermite dans les dune de la baie d'Authie depuis la mort de sa femme, la mère de Kouroun.  

 

 Le garçon l'avait retrouvé dans la vallée de Philêoujah Pellapolis, un lieu très isolé, en train de surveiller des ruines réputées magiques. Il était question, personne d'autre ne le savait encore, d'une porte donnant sur un monde invisible. Un mystère de plus. C'est là que, 2 ans plus tard, il fit la rencontre de Dydrar et Thoryn, des touristes qui sortaient pour la première fois du jardin. Ils les avait sauvés d'une bande de nomades qui les avait capturés. Il était ressortis avec eux du désert. Pour revenir dans la vallée 6 mois plus tard et faire naître à ce monde Noïm.

Il y avait bien un monde invisible... Irrésistiblement attirés puis retenus par une force indescriptible, les 3 jeunes gens avaient vu se matérialiser dans les ruines, au milieu d'eux, un esprit, un être venu d'ailleurs, qui avait pris une forme humaine en quelques heures. Il avait collecté en chacun un peu de sa substance et leurs meilleures qualités et aptitudes. Noïm était donc arrivé sur notre plan d'existence sous la forme d'un mini-homme de nationalité orchidienne haut de 2,5 centimètres... Il était sûrement le plus gentil et le plus serviable des Orchidiens. Les rares personnes qui connaissaient son origine le voyaient comme une "créature", quelque chose d'indiscernable et pas tout à fait normal, dont il fallait peut-être se méfier. Lui-même se posait parfois des questions sur sa propre mini-humanité. Officiellement, avec la complicité des parents de Dydrar, il était son frère jumeau. Quelques signes cependant montraient que sa transmutation n'était peut-être pas achevée, ou qu'elle suivait un chemin logique et propre d'évolution : les deux garçons se ressemblaient moins qu'au début, ils étaient aussi beaucoup moins liés qu'avant par la force qui les avait involontairement solidarisés la nuit de son arrivée au point de ne pas pouvoir s'éloigner l'un de l'autre de plus d'une douzaine de centimètres...

Noïm avait amené de son monde des capacités extrasensorielles et quelques autres pouvoirs qui n'épataient même plus ses amis au bout de 5 ans. Il allait forcément être un allié précieux pour les chercheurs de l'université. Ar-Tann avait alors recruté son fils, ses amis et le nouvel arrivant dans l'Organisation Xhenn, présidée par le professeur Overno, à la fois philosophe et physicien.

Le professeur Overno qui se trouvait donc à cette heure dans les thermes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

La baie d'Authie. Avant les les grands travaux entrepris par les Grands en 2019-2020, tout l'espace dunaire et forestier était menacé par une érosion qui allait en s'accélérant gravement depuis une  dizaine d'années. A certains endroits, les mini-gens virent la disparition de leur cadre de vie. Tout un écosystème avait été dissous et emporté par l'action de la rivière qui se dandinait contre les dunes et y creusait plus profondément son lit, action fluviale renforcée par les marées et les tempêtes dans une baie où les courants étaient très forts. 

 

 

  

Les mi-aventuriers continuaient leur voyage dans le désert, encore assez loin de la mer. Plus ils avançaient, plus la princesse Geldoush était anxieuse. Elle voyait souvent apparaître le mythique Poisson d'Or, qu'elle n'avait jamais vu en vrai...

 

 

 

C'était le 3e jour de voyage. On touchait au but. Le colonel Kadawreski guidait la colonne à travers ce qu'on appelle "des dunes grises", encombrées d'herbe et de broussailles. Il avait fait accélérer le pas de la colonne pour atteindre le site prévu pour le dernier bivouac avant d'entrer dans la vallée de Philêoujah Pellapolis.

 

 

 

 

Noïm : Thoryn, ça va ?

Thoryn : Fatigué de marcher. Et pour une fois on a du soleil, ça tape, j'vais en avoir marre tôt...

Noïm : D'accord... Je ne suis pas tranquille. Il y a quelque chose dans l'air qui ne me plaît pas.

Thoryn : Un danger approche ? D'habitude, quand c'est le cas, tu le reçois fort et clair.

Noïm : Je ne suis sûr de rien. Je sens une menace sourde et en même temps quelque chose qui voudrait la couvrir...

Thoryn : Donc oui, il y a danger ! Ce serait quoi ? Un animal tapi dans tout ce bazar, un rongeur, ou un oiseau qui va nous tomber dessus ?...

 

 

Noïm : Capitaine Gêphynito, je crois que l'escorte devrait se préparer à repousser une attaque...

Gêphynito : Une attaque, Monsieur ? C'est une impression que vous avez ?

Noïm : Je suis bien conscient qu'une simple impression ne suffira p...

Gêphynito : Non, vous avez raison. Dans ces broussailles il faut redoubler de prudence. Mais je vous assure que nos hommes sont bien entraînés et prêts à tout.

 

Kadawreski : ODUNGA !! NOULKOU BASSAME MAJORIS, OLGA SASSAFRA MAHIDJOU !!

L'homme : Oui, Colonel Igor, oui... C'est déjà fait, les éclaireurs ont sécurisé la clairière.     

 

Kadawreski : Bon. Tout roule ! Allez, les gars ! On y est presque ! NATAKEBA ! NATAKEBA !

 

 Kouroun : Noïm, ça ne va pas ? Tu as l'air inquiet. Tu sens quelque chose ?

Noïm : Non, plus rien... Et pourtant si. C'est confus.

 

 

Le danger était bien réel, et très proche.

 

 

Kadawreski : Courez !! L'escorte en position !!

Bulotricia : Qu'est-ce que c'est ?!?

Thoryn : Venez !!

 

 

 

 D'instinct, Thoryn saisit un bâton et s'interposa entre le lézard et Bulotricia.

Thoryn : Ecartez-vous !

 

 

 

C'était Thoryn à présent qui était en grand danger. Les hommes de l'escorte entourèrent le monstre pour détourner son attention.

 

 

Kouroun : Thoryn !! Noïm, tu peu faire quelque chose ?

Noïm : Oui, je vais essayer. Ce n'est pas facile dans l'émotion.

Kouroun : Ne doute pas de toi, pense à ce que tu dois faire !

 

 Geldoush vit Noïm disparaître, s'effacer. Les yeux écarquillés, elle le cherchait encore dans l'arrière-plan terrifiant qu'elle avait devant elle, alors que montait une sensation nouvelle. Dydrar et Kouroun commencèrent à la percevoir aussi, mais ils la connaissaient. Les autres restèrent figés, saisis par une terreur soudaine, le souffle coupé. C'était comme si un autre prédateur, encore plus horrible, rôdait autour du convoi, son souffle rauque, son odeur fauve emplissaient l'air et les esprits. Les hommes s'écartèrent doucement des monstres en silence, la peur montait, une peur venue du fond des âges des mini-gens qui les ramenait au temps où la nature avait tous les droits sur eux.

 

 

L'attitude des deux lézards était totalement changés aussi. Troublés, ils râlaient et crachaient en cherchant l'intrus formidable qui semblait être venu pour eux. Quelques hommes de l'escorte surmontèrent leur effroi et reprirent leurs armes.

 

 

 

Les mini-gens les virent reculer, sur la défensive, vaincus par la peur eux aussi. Thoryn comprit ce qui se passait et rassura Bulotricia : 

Thoryn : Tout va bien, on a déjà fait le plein de monstres. Là, c'est Noïm qui leur joue un tour à sa façon. 

 

 

 

 

Les mini-gens se sentirent soudain libérés de leur frayeur et de ses effets.

Kadawreski : Quelqu'un peut me dire ce qui vient de se passer ? 

Et Noïm réapparut.

 

Kouroun : Bravo Noïm ! Tu as réussi !

Noïm : Je suis épuisé... Mais ça valait le coup.

Kadawreski : Il n'y avait donc pas d'autre monstre ? C'était vous ?

Noïm : Pour résumer, je n'ai fait que vous projeter des sensations fondées sur rien de réel, sur vous et sur les lézards. Ils ont obéi à un impérieux réflexe : fuir pour ne pas être mangés. Un jour peut-être, quand on se connaître mieux, je vous raconterai...  

 

Noïm : Bravo Thoryn ! C'est toi le vrai héro dans l'histoire. Affronter une créature pareille avec un bâton, ça c'est tout sauf naturel.

Bulotricia : Vous resterez définitivement près de moi, Thoryn. On ne sait jamais !

Kouroun : Bien joué, Thoryn !

Thoryn : Maintenant que tout le monde a l'air soulagé, c'est moi qui commence seulement à avoir peur. Sur le moment, j'ai oublié... Il serait bon que vous preniez un peu de repos, Mademoiselle. En tout cas, c'est ce que je vais faire. 

 

Kadawreski : Nous devons repartir pour rallier le dernier camp de base. Après nous être occupés des victimes. Nous avons 2 morts, 3 blessés légers...

Kouroun : Ce voyage est bien plus dangereux qu'on ne pouvait s'y attendre. C'est de notre faute si vous êtes tous là.

Kadawreski : Ces voyages dans le désert n'ont jamais été une sinécure. Mais là, il est vrai que l'on cumule les ennuis. On m'a parlé de ces animaux, qui n'ont évidemment rien à voir avec la faune locale. Ils seraient apparus il y a très peu de temps. Un témoin affirme qu'ils ont dévoré un petit groupe de nomades qui campait en bordure de la vallée. Bon... Départ dans une heure. 

 

Noïm : Bien sûr qu'ils n'ont rien à voir avec la faune locale. Et puis je n'ai presque pas senti venir le danger. Une force masquait leur présence et ça je l'ai bien senti.

Kouroun : Donc ils sont contrôlés par quelqu'un qui sait très bien qui nous sommes. Et nous savons bien sûr qui c'est. Je ne sais pas bien ce que nous sommes supposés faire. J'espère juste qu'il n'est pas déjà trop tard. 

 

Avant la tombée de la nuit, le convoi avait atteint la clairière et dressé le campement.

 

Kadawreski : Docteur Forestier, comment vous sentez-vous ? Que d'émotions, n'est-ce pas ?

Bulotricia : Quand je raconterai ça à mon frère Raoul, il ne me croira pas. D'habitude, c'est lui qui des aventures à raconter. 

 

 

Bulotricia : Et tout ce ci est votre lot quotidien, Colonel. Aimez-vous vraiment le désert à ce point ?

Kadawreski : Je l'exècre, Mademoiselle. Mais il fait partie de moi et je suis une minuscule particule de ce tout. J'ai combattu dans ce désert quand j'étais un officier casteignan, contre votre armée d'ailleurs, contre l'Orchide et votre ancien roi Gason, le légendaire Gason qui m'a systématiquement, invariablement battu. J'y ai vécu l'essentiel de ma vie. Le peu de choses qui ont pu, à un moment ou un autre, exciter mes passions et mon imagination, je les ai trouvées ici. 

 

 

 Toute ma vie est ici. La vôtre est dans le douillet mini-monde qui vit sous la protection de la Confrérie des Grands, dans un jardin aménagé, presque aseptisé. Si je voulais vous vexer, je dirais  qu'en somme vous êtes de ceux qui ont été apprivoisés et vivent dans une forme de captivité, alors que moi j'ai fait le choix de rester à l'état sauvage et libre. Avec parfois le prix à payer que cela implique, d'inconfort et d'insécurité. Ces 40 hommes qui forment notre troupe vous diront tous la même chose. Ils n'imaginent pas vivre ailleurs, surtout pas dans le Jardin. Ils sont rudes et courageux, solidaires et pacifiques, même s'ils ne sont pas tous très recommandables au sens de vos lois. Notre vie est belle, je vous l'assure. Ici, nous connaissons certes le dénuement et la fatigue mais aussi, en général, la paix, l'équilibre des choses, le silence particulier de la nature, qui n'en est pas un...

 

Kadawreski : ODUNGA !! BALAJO MAKARÊ POUTOUMI, MAGNA GONDWANI DOTORESSA !!

Bulotricia : ...???

L'homme : Oui, Colonel Igor, oui... C'est déjà fait.

 

Kadawreski : Ah, très bien. Votre tente est prête. Vous allez pouvoir vous reposer.

Bulotricia : On veut tout le temps que je me repose, mais je vais bien... Ah, je voulais vous demander : pourquoi donnez-des ordres à vos hommes dans une langue qui n'existe pas ?

Kadawreski : Oui, c'est une habitude. C'est pour impressionner les touristes que nous promenons dans les dunes, pour les plonger dans une ambiance d'exotisme et d'aventure.

Bulotricia : Mettez aussi les gros lézards dans votre programme d'attractions. Vos touristes en auront pour leur argent.

 

Kadawreski : De toute façon, mes hommes sont tous de grands professionnels de l'expédition aventureuse et du tourisme, ils n'ont même pas besoin que je leur donne des ordres. Mais je suis quand même le patron... Jeunes gens, voici la fin de ce triste chapitre ! Demain matin, nous descendrons dans la vallée et vous atteindrez le sanctuaire des Reulous, le lieu de votre mission !

 

 

 

  A SUIVRE...

dans le chapitre 4 ci-dessous

La vallée de Philêoujah Pellapolis. Elle abritait au sud, le long d'épais buissons d'argousiers, un assez vaste complexe funéraire en partie souterrain, bâti par un peuple absent.

Ses ruines magiques pour les uns, maudites pour les autres, sont les dernières traces d'occupation d'une tribu de mini-nomades, les Reulous. Ils avaient disparu depuis un peu plus de 30 ans, alors que la civilisation du Jardin secret, à plusieurs centaines de mètres de là, commençait à prendre de l'ampleur. Les premiers explorateurs, aventuriers et colons venus d'Orchide, de Casteigne, d'Hédonie ou d'Eléborance n'y avaient déjà trouvé que le vide et le silence. Les ruines intriguaient car elles étaient figées dans une sorte de micro-climat très local qui les mettait à l'abri du vent et des intempéries. On y avait décelé bien d'autres manifestations surnaturelles. C'était là, au centre, sur la dalle de terre cuite surmontée d'un cristal de roche rose, que se trouvait la Porte. 

L'Organisation Xhenn estimait que la disparition des Reulous était due à leur passage unanime dans le monde invisible... Comment ? Pourquoi ? Nul ne le savait. 

 

 

L'expédition arriva enfin sur le site

 

 

 

Dydrar : Les choses se confirment, on est déjà passé avant nous. La crypte est ouverte.

 

Kouroun : Oui, on s'y attendait. cela fait au moins déjà plusieurs semaines que le magicien en est sorti. Il a eu ensuite tout le temps pour envouter Catudila avec de belles promesses de puissance. Il a dû trouver aussi le site où le Poisson d'Or a été soigneusement enfoui par le prince Gason Authienoüs.

 

Geldoush : C'est le cristal qui est associé à la Porte ? Tout a l'air mort, à l'abandon, fini.

Noïm : C'est bien le cas. C'est un quartz rose, il a perdu toute vitalité. Tout a bien changé depuis la dernière fois où nous sommes venus ici. Je ne ressens plus rien. Vraiment rien. Pas la moindre énergie résiduelle. La Porte du monde invisible est maintenant vide, déchargée. Elle est réellement morte.  

 

L'archer : Qui va là ?

 

 Ar-Tann : C'est moi, Camarades ! Le seigneur Ar-Tann ! Je vous attendais.

 

Kouroun : Père ! Nous étions impatients de te retrouver.

 

Ar-Tann : J'ai eu grand-peur pour vous. Le voyage a travers les dunes est toujours plus dangereux. C'est à Iskiz que nous devons ces nouveaux périls. Ce n'est rien à côté de ce qui pourrait arriver.

Kadawreski : "Rien" ? Il fait bien de le préciser...

Noïm : ...Euh, oui, des lézards nous sont tombés dessus. Je les ai à peine senti arriver. Un Grand, également, mais lui n'était pas une créature magique.

Ar-Tann : Pardonnez-moi, je ne voulais pas paraître désinvolte. Je sais quels épreuves vous avez subies et que certains des gens de votre équipe ne s'en sont pas sortis. Ces monstres qui vous ont attaqué sont une nouveauté dans le paysage, ils sont contrôlés par Iskiz

 

Noïm : Est-ce que tu as vu Iskiz sortir de la crypte ?

Ar-Tann : Non, je l'ai senti et constaté beaucoup trop tard. Il a bien mis à profit ces deux décennies de réclusion dans ce lieu de transition, cette charnière entre les deux mondes. Sa force a grandi, il a appris à se fondre dans cet environnement pour le maîtriser, l'utiliser et revenir au grand jour. A présent, la crypte n'est pus qu'une coquille vide totalement ancrée dans notre réalité et nos lois de la physique. La Porte est définitivement close. Il s'est aussitôt employé à rencontré l'empereur pour le séduire et l'amener ici. Iskiz avait besoin de renforts pour rechercher le Poisson d'Or et tester son pouvoir sur une victime fébrilement consentante.

 

Kadawreski : A quoi ce poiscaille maudit peut-il lui servir ?

Ar-Tann : C'est une bonne question. Ikiz avait dominé et contrôlé le roi Blokos, il ne serait pas anormal qu'il veuille maintenant retrouver du pouvoir, même quelque chose d'aussi minuscule que l'empire d'Orchide, au travers de Catudila. On ne peut pas comprendre Iskiz si on ne comprend pas sa frustration...

Kouroun : Sa frustration ?!! Le meurtrier de ma mère est un frustré ?

 

Ar-Tann : Eh oui. Il y a 25 ans, ta mère et moi, accompagnés de Blokos surnommé le Roi Archéologue, explorions ces dunes. Nous avons répondu à l'appel impérieux qui nous a amenés dans cette vallée, dans ces ruines. L'esprit venu du monde invisible nous a donc retenus le temps de prendre en chacun de nous, et autour de nous, ce qu'il lui fallait de spirituel, d'inerte ou de vivant pour se matérialiser.

Thoryn : Il est né comme Noïm. Le coup classique, quoi.

Ar-Tann : Oui. Et classiquement, au début, nous n'avions pas de raison de nous méfier, nous étions même fous de joie. Le visiteur de l'au-delà était poli, agréable, omniscient, un peu fier de lui mais sans plus. Sauf  que cet esprit venu de loin pénétrait dans notre monde avec une soif de liberté et des ambitions absolument démesurées. Il franchit donc la Porte avec les grandes difficultés habituelles, en luttant contre d'autres esprits, il s'extrait victorieusement de cette anomalie surnaturelle, prend forme, il naît sur l'immense planète Terre, prodigieux champ de tous les possibles... pour se retrouver où ? Dans une autre anomalie : le monde des mini-gens berckois hauts de 2,5 centimètres à l'âge adulte et qui doivent mener une existence radicalement secrète, bref un univers encore plus étriqué, dissimulé et fermé que celui d'où il vient. Le fabuleux monde des Grands lui était inaccessible. Donc oui, il est extrêmement jaloux et frustré. Venez, descendons.

 

Ar-Tann : Attention Docteur, ça glisse un peu, descendez de mon côté.

Bulotricia : Le risque est toujours moins grand que dehors. J'aurais dû prendre des affaires de voyages plus pratiques pour l'aventure. Et à propos des monstres qui ont essayé de nous dévorer ?...

Ar-Tann : D'autres esprits du monde invisible qui n'ont pas évolué au-delà des stades primaires. Iskiz a aussi puisé dans ce vivier plus facile à dominer pour en faire de solides et fidèles gardiens de la vallée.

 

Kadawreski : Je vous avouerai que toutes ces choses de magie et de pouvoir m'échappent un peu. Mais j'en vois bien les effets malheureux.

Ar-Tann : Je regrette ce qui est arrivé à vos hommes, Colonel Igor. Mais vous devez savoir que nous n'en sommes qu'au début des ennuis...

Kadawreski : Au fond, qu'est-ce que la magie ? Est-ce naturel et normal, mais juste réservé à des initiés comme vous ?

Ar-Tann : Nous avons déjà eu cette conversation à la taverne de Tuparou Tatonsak, mon ami. Laissez-moi encore un mois ou deux pour réfléchir.

 

Kadawreski : De quoi sera faite la suite ?

Ar-Tann : Notre ennemi a beaucoup d'avance dans sa stratégie. Il est donc certain que nous trouverons l'empereur, le magicien et le Poisson d'Or tous réunis au même endroit. Nous allons chercher cet endroit, qui est dans les vallées voisines, entre ici et la mer. Alors mes amis, sur votre gauche vous allez découvrir le couloir qui mène à la cellule interdimensionnelle !

Geldoush : Aaah et ça ressemble à quoi une cellule interdimensionnelle ?

Ar-Tann : A rien. C'est aussi sinistre que tout ce que les Reulous nous ont laissé en matière de témoins architecturaux... 

 

Kouroun : ...Père ?...

Ar-Tann : Pardon. Je réfléchissais.

 

Kouroun : Nous allons traquer Iskiz, n'est-ce pas ?

Ar-Tann : Il le faut absolument, Fils. Sinon l'histoire ne sera jamais finie. D'autant plus que ce personnage menace tout le mini-monde. J'ignore quel est son projet. Il est évident qu'il a besoin de nous pour sortir de sa condition. Il va nous asservir puis nous éliminer quand nous lui serons inutiles... On ne le laissera pas faire, bien sûr. Et nous avons aussi à répondre à de graves questions au sujet du poisson d'or : qu'est-ce c'est ? Quelle est sa fonction réelle ?...

Kouroun : ...Est-il vivant ? Iskiz est vivant, lui. Et je n'aurai pas de repos tant qu'il n'aura pas payé pour la mort de maman. 

 

 

Thoryn : Wow !! C'est loin, mais c'est beau !!

Ar-Tann : Tant mieux si tu aimes ! C'est par là que nous allons. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines. Ce ne sera pas une plaisante promenade dans le Jardin Secret.

Dydrar : Dommage que toute cette splendeur recèle tant de dangers pour nous...

 

Thoryn : On peut de temps en temps contempler et s'extasier, non ? Vous voyez tout en noir.

Ar-Tann : C'est parce que nous sommes très petits. Au ras du sol, nous aurons à faire face à tous les dangers imaginables. Nous sommes des proies, ne le sais-tu pas ?

 

Thoryn : Parfois, on oublie...

Ar-Tann : Il ne faut pas. Certes, m'a-t-on dit, tu as déjà acquis, en peu de jours, une grande expertise en héroïsme. Je sais que ta prudence prendra le dessus sur l'émerveillement quand ce sera utile. Mais, blague à part, moi aussi je suis saisi par la beauté de ce spectacle.

Thoryn : ..."Blague à part" ?... 

 

Ar-Tann : Le temps se couvre de nouveau. Il vaudrait mieux partir demain matin. De toute façon, la colonne impériale ne lèvera pas davantage le camp dans ces conditions.

Noïm : Quelle est ton plan ?

 

Ar-Tann : Trouver ce camp, localiser le Poisson d'Or, s'infiltrer pour le ravir à l'affection de Catudila et de son magicien et le cacher quelque part.

Kouroun : Et comment fait-on ça ? Tu crois qu'on peut prendre le camp d'assaut ?

 

Kadawreski : Vous pouvez compter sur mes hommes, Seigneur Ar-Tann ! Ce sont les meilleurs guerriers du désert qui soient. Ce qui est loin d'être le cas de la Garde impériale, qui n'avait jamais franchi la clôture auparavant. En alliant force et ruse, nous aurons sûrement le dessus.

Ar-Tann : Je suis certain de la valeur de vos hommes, Colonel Igor, et j'ai une totale confiance en eux. Mais je ne souhaite pas les exposer à ce point. Il y a des manières plus étonnantes et pacifiques d'arriver à nos fins.

Kadawreski : Ah. Encore la magie.

Ar-Tann : Et pourquoi pas ?

 

 

Geldoush : Je m'attends à ce que Ar-Tann nous dise, à Bulotricia et moi, que la suite de l'aventure est trop dangereuse pour de frêles et jolies jeunes aristocrates comme nous. Et qu'il nous faudra rester ici.

Noïm : Cela n'a rien à voir avec du sexisme courtois et protecteur. Il a demandé au Colonel d'établir un camp ici et de le fortifier. Seul un petit nombre d'entre nous partira à la recherche d'Iskiz. Un petit nombre solidement armé.

 

Geldoush : Je m'en doute. La confrontation est proche, j'aurais aimé voir ça de près. Tu as vu ? La pluie de cette nuit a aussi touché le sanctuaire.

Noïm : Oui, le charme est rompu, il n'est plus protégé. Il n'y a plus de magie ici.

Geldoush : Qu'est-ce que tu aurais dû ressentir s'il y en avait encore ?

 

Noïm : Un peu comme toi quand tu as des visions dans ton bain rituel. D'abord la sensation d'être un élément du lieu, de sa substance, de son air, puis des impressions qui parcourent le corps et des images qui bousculent les émotions, des souvenirs  qui ne sont pas les nôtres, des appels, des messages, et tout ça n'est pas toujours clair...

Geldoush : Le grand, pur et insondable mystère de la magie. Quand j'en parle autour de moi, je me demande toujours si les gens affichent un visage naturel ou s'ils le composent gentiment pour ne pas me vexer. Je fais un peu peur aux jeunes hommes de l'empire. Ce don est assez handicapant pour ma vie privée.

 

Noïm : Je comprends bien. Il m'arrive... souvent... d'être mal à l'aise avec ce que je suis. Je me suis habitué à la vie parmi vous et aux curieuses particularités de votre mini-monde. Je ne jalouse pas celui des Grands. Je suis heureux d'avoir trouvé ici de vrais amis, ils ont aussi contribué à ce que je suis. Et arrivé à ce point, je recommence à me demander : oui, je suis quoi au juste ?... Alors imagine en ce moment... N'oublions jamais que je viens du même monde invisible et fabuleux et par le même processus incroyable que cette pourriture d'Iskiz, qu'un Poisson d'Or qui porte malheur et que des lézards tueurs qui étaient à l'origine des esprits au QI de bulot...

Geldoush : Pour moi, et pour tes amis, la réponse est évidente : tu es bel et bien mini-humain. Le fait que ça remonte à 6 ans ne change rien à l'affaire. Je ne sais pas quelle est la durée normale pour se sentir mini-humain, ou humain au sens large... On ignore encore bien des choses sur nos origines historiques et génétiques et ça remonte à 6 siècles... Le temps n'a pas toujours autant d'importance.

 

Geldoush : J'aimerais que tu fasses attention à toi, Noïm. Je vais dire cette formule banale et convenue à chacun de vous, bien sûr. Mais à toi, j'ai envie de la dire 2 fois : fais attention à toi. Dose bien les risques.

Noïm : Je te le promets. Et je te le promets. Rentrons.

 

 

Le lendemain matin

 

Kadawreski : Cette pluie s'est enfin arrêtée. Nous allons partir. Tu prends le commandement du camp, Capitaine. Vous assurerez nos arrières.

Gêphynito : Nous serons même tellement en arrière que je doute que nous puissions assurer quoi que ce soit...

Kadawreski : Je parle des arrières de la mission si on échoue. Si nous ne donnons pas de nouvelles dans les 3 jours, considérez que vous devrez vous replier en urgence. Il faudra prévenir l'Organisation Xhenn.

Gêphynito : Entendu, Colonel Igor. Nous vous attendrons le temps qu'il faudra et pas plus.

Kadawreski : SURTOUT pas plus !

 

Kadawreski : Nous sommes prêts, Seigneur Ar-Tann.

Ar-Tann : J'ai vu que nous avions encore trop de bagages. Il faudrait réduire au strict minimum, nous devons nous déplacer rapidement. Les hommes ont déjà leurs armes qui les encombrent.

Kadawreski : Je me demandais s'il fallait aussi s'encombrer des touristes. C'est une opération militaire, ce n'est peut-être pas la place de ces jeunes gens, en tout cas pas tous.

Ar-Tann : Justement, ce n'est pas une opération militaire. Vous avez déjà pu apprécier les qualités de vos touristes dans les situations d'urgence. J'en aurai besoin aussi.

 

Bulotricia : C'est agréable de pouvoir enfin musarder en sachant que cette fois on ne risque pas de se faire piétiner.

Thoryn : J'ai cru comprendre que nous allions risquer bien pire. Mais voyez-vous, ça ne me fait pas peur.

Bulotricia : Vous êtes intrépide et optimiste, je le sais. Ne soyez point trop insouciant, vous y perdriez ce qu'il faut de vigilance. Je préfère vous voir revenir en héros vivant plutôt qu'en héros déchiqueté, ou écrasé, ou cuit dans le sable, ou...

Thoryn : Je serai très vigilant !!

Bulotricia : Je le souhaite. De tout coeur.

 

 

Ar-Tann : En route, à présent ! Où est Thoryn ? Thoryn !

 

Ar-Tann : Nous avons devant nous une marche pas si longue que ça mais qui nous rapproche du rivage. Je demande à tous la plus grande prudence et la plus totale attention à ce qui nous entoure !

 

Thoryn : Tu as vu ça ?! Des Grands !! Qu'est-ce qu'ils font ?

Kouroun : Ils jouent à des jeux de Grands. Ils aiment jouer dans l'eau. Moi j'aime autant les voir de très loin, cette fois... Leur ville est par là, sur la droite. On aperçoit la digue de leur base nautique. Le phare rouge et blanc est derrière, on le verra peut-être.

 

 

Ils avaient passé la nuit sur une dune, tout prêt de la plage. Au petit matin, ils étaient prêts à repartir. On envoya 2 éclaireurs qui revinrent très vite avec de bonnes nouvelles.

 

Kadawreski : C'est une chance, ils sont plus près que nous l'espérions.

Ar-Tann : Oui, ça va être le moment de passer à la suite du plan.

 

Ar-Tann : Les garçons, j'ai besoin de vous. Nous allons unir nos forces mentales pour une opération parfaitement inédite à cette échelle. Je n'ai jamais essayé au-delà de 2 personnes...

 

Ar-Tann : En gros, c'est une variante de ce que Noïm a réussi quand les monstres ont attaqué le convoi.

Dydrar : Nous allons être invisibles ? Et entrer dans le camp de cette manière pour faucher le Poisson d'Or ? Je croyais que c'était épuisant et impossible au bout de 2 ou 3 minutes. Il nous faudra bien plus de temps pour...

Ar-Tann : C'est vrai. C'est pourquoi il est important que nous soyons tous là. Et que ce soit moi qui gère. Vous serez tous sous une sorte d'influence qui nous permettra d'avancer dans une bulle de façon parfaitement discrete. Vous devrez faire ce que je vous dis. Par exemple, une fois que le charme sera en place, nous ne devrons pas nous écarter les uns des autres. Il faudra aussi maintenir un silence absolu. Surtout ne pas parler, pas un mot, à aucun prix.

 

Thoryn : Pourquoi ? Quel effet ça aura ?

Kouroun : Cela signifie que quand tu commences à parler, le charme s'évanouit.

Dydrar et Noïm : Ha ! Ha ! Ha !

Thoryn : ...J'hallucine. Tu viens de faire de l'humour ! C'était donc vrai : la Fin des Temps est proche.

Ar-Tann : Oui, alors hâtons-nous. Je ne peux t'expliquer le pourquoi avec des mots, Thoryn. Ai confiance, ne panique pas. Vous entendrez mes pensées et je vous dirigerai au mieux.

 

Ar-Tann : Colonel Igor, vos hommes et vous resterez en réserve en surplomb du camp. Si nous avons un problème, soyez prêts à faire diversion.

Kadawreski : Entendu. Mais comment vous observer de loin si on ne vous voit pas ?

Ar-Tann : Il est certain que vous verrez le problème s'il survient. Les amis, regroupez-vous et faites silence.

Kadawreski : Donc, vous allez vous concentrer, là, c'est ça ? Vous commencez quand ?

Ar-Tann : Maintenant. Je suis toujours très concentré, voyons. Regardez et dites-moi si c'est bien.

 

Kadawreski : ...Ah oui... Pas mal, en effet. Si vous êtes encore là : bonne chance.

 

 

 

A SUIVRE...

dans le chapitre 5 ci-dessous

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

-     Ar-Tann : Ne bouge pas Dydrar, respire lentement... Essaie d'oublier que tu es là. Et la bête se détournera.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE CI-DESSOUS, 

CHAPITRE 6 ET DERNIER

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

-     Thoryn : C'est moi ou cette histoire se termine un peu en queue de poisson ?

-     Kouroun : Si nous sommes enfin débarrassés d'Iskiz, moi elle me va très bien.

-     Ar-Tann : Nous verrons...  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

FIN

octobre 2019