Les aventures de Gason et les Sablonautes ont commencé sur le premier blog il y a un peu plus de trois ans, en avril 2013 (rubrique 1), avec "La Quête du Poisson d'Or". On peut aussi y ajouter "Authiebourg" (rubrique 5). Elles s'achèvent ici, parce qu'une sorte de boucle est bouclée. C'est une des plus grosses minisuperproductions de ce blog. Elle rassemble plus de 400 photos, plus de 500 figurants, un casting d'enfer, de nombreux décors presque majestueux, les effets spéciaux les moins chers du monde et de nombreuses scènes tournées en extérieur à Vincennes et à Berck. Les 7 épisodes sont rangés dans l'ordre de la lecture et sur deux pages. Gason Authienoüs, mon avatar dans le mini-monde, aura beaucoup travaillé ces dernières années ! Sa mission est remplie.

Merci.

 

 

L'été allait officiellement commencer à Berck-sur-Mer, et donc aussi dans le jardin secret, au nord de la ville, qui abritait le royaume miniature d'Orchide.  

Ce jour-là, se déroulait une fête rituelle dans la partie souterraine de la cité de Katapigone. Le Temple de l'Oracle de l'Eau accueillait régulièrement des Orchidiens doués de perceptions extrasensorielles, ou bien ceux qui espéraient en avoir. Parmi les mediums les plus en vue, il y avait une jeune fille de 19 ans, Geldoush, qui n'était autre que la nièce de l'ex-roi Gason Authienoüs.

 

Geldoush avait déjà plusieurs fois marqué les esprits par ses visions révélées lors du bain.

 

 Tout le monde guettait les réactions de l'oracle du jour. A la surprise générale, elle ne resta dans le bassin que 2 minutes et en ressortit sans dire un mot, le visage figé.

 

On en déduisit qu'elle n'avait rien vu, ou qu'elle n'était pas en condition, ou qu'elle trouvait l'eau trop fraîche. Et on puis on pensa à autre chose.

 

Le lendemain matin, 7h30, appartements de Gason Authienoüs, dans le palais royal de Katapigone.

 

 

 Un visiteur se présente. Le Comte Appartavendr, ministre de la Diplomatie et des relations avec les Grands Protecteurs.

 

 Gason Authienoüs... Premier roi d'Orchide pendant 18 ans, avant de quitter l'agitation du mini-monde pour fonder la colonie d'Authiegane, dans les dunes sauvages de la Baie d'Authie, au sud de Berck. Il avait confié la régence à Madame Bulotricia d'Argousiers, finalement élue reine au bout de 4 ans, le temps qu'il avait fallu au Sénat pour être convaincu que Gason ne voulait pas, mais alors vraiment pas, revenir sur le trône.

Il était revenu quand même, un peu plus tard, comme proche conseiller de la reine. Il fêtait les 10 ans de sa quête du bonheur hors des contraintes du pouvoir, bonheur générique, global, celui qui permet de faire une judicieuse synthèse de petits bonheurs partiels et ciblés, et qu'il n'avait pas encore trouvé. L'Orchide le réclamait toujours et mobilisait l'essentiel de son attention.

 

-      Appartavendr : Bonjour, Seigneur Gason !

-      Gason : Bonjour, mon ami. Vous êtes fort matinal, ça fait un peu peur.

-      Appartavendr : Il y a de quoi. Hier, dans l'après-midi, votre nièce Geldoush a pris un bain...

 

-      Gason : Mince...

-      Appartavendr : ...Au Temple de l'Oracle de l'Eau. La reine souhaite vous voir à ce sujet.

-      Gason : J'imagine qu'il est question d'une vision. Une du genre catastrophique.

-      Appartavendr : Eh bien, pour ce que ça vaut, d'après elle, l'Authiegane est gravement menacée dans les deux mois qui viennent, exactement 55 jours.

-      Gason : Par qui donc ? Il y a un an, mon neveu Quintovic, à peine couronné par son père, a mis une branlée d'enfer à la tribu des Reulous, qui sont définitivement défaits et soumis. Il est assez fier de lui pour ça.

 

-      Appartavendr : Une dernière guerre ne fait toujours qu'annoncer la prochaine, vous êtes bien placé pour le savoir... D'autres ennemis convergent vers les dunes de l'Authie pour s'emparer du Poisson d'Or. C'est ce qu'elle voit. Et ensuite, terreur, feu, cris et mort. C'est gai.

-      Gason : ...

-      Appartavendr : Eh oui. Selon nos informations, les...

-      Gason : C'est de la folie. Qu'on y croit ou pas, c'est de la folie.

-      Appartavendr : Ce qui est vérifiable et public, c'est le débarquement dans les colonies d'une expédition scientifique et militaire venue de l'Empire hédonien, pour récupérer le poiscaille maudit et en percer les mystères. Les Flammenkuchois ont également quitté le Jardin d'Arrochelle pour se réinstaller dans le désert et ils veulent eux aussi mettre la main sur le bazar. Votre jeune neveu ne manquera pas de nouveaux ennemis ! Mais depuis sa victoire éclatante, il a pris le melon. Nous craignons qu'il ne parte en campagne inconsidérément pour défendre la vallée où vous mîtes le Poisson d'Or dans le sable pour le cacher des tentations. Le pire, c'est que Quintovic manifeste lui aussi l'intention d'aller le récupérer...

 

-      Gason : Affronter les Reulous en bataille rangée avec deux fois moins de forces était déjà une audace dangereuse. Mais il doit surtout la victoire de la IIIe Légion à l'habileté tactique de mon oncle, le général Chantalladçouss.

-      Appartavendr : Sa Majesté souhaite éviter une nouvelle guerre des colonies. Geldoush la redoute aussi car, aussitôt après son audience au palais, elle a couru à l'aérodrome pour prendre le vol régulier du mardi soir vers Arrochelle. Nous ne l'avons su que vers 23 heures, l'avion était déjà au-dessus de Berck. Elle va tenter de rejoindre l'Authiegane pour avertir son frère.

 

-      Gason : Elle va paniquer tout le monde, oui... Il faut vraiment qu'elle arrête de prendre des bains... Donc, j'imagine que la reine veut m'envoyer à la fois calmer Quintovic, sa soeur et négocier avec les envahisseurs. Je vais emmener mon frère Yadêmokyblès. Après tout, c'est lui qui fait des enfants bizarres, il faut qu'il assume... Il me faut aussi des troupes. Des vétérans des autres campagnes dans ce pays difficile.

 

-      Appartavendr : Vous aurez tout ce que vous voudrez. C'est dire à quel point vous êtes notre seul recours. La reine est sceptique sur le paranormal, mais elle a une totale confiance en vous. Vous êtes le seul qui puissiez rassurer les gens et apaiser ce merdier. On doit éviter un désastre, quelle qu'en soit sa nature. Et puis, tout naturellement... Enfin... L'Authiegane... La IIIe Légion... C'est toujours vous, tout ça, dans l'esprit des habitants de la colonie.

 

-      Gason : Quoi que je fasse, quoi que je veuille, ça me ramène toujours là-bas... ça aussi c'est magique. Il faut maintenant désamorcer une  vision ! Le retour des Sablonautes pour la Quête ultime... Mmmm... Eh bien, puisque c'est le Destin... 

 

 

La veille du départ, Yadêmokyblès voulut invoquer les vagues références spirituelles et mystiques qu'il connaissait pour appeler la bonne fortune sur le voyage. Il aimait surtout les cérémonies qui utilisaient du feu.

L'élément fétiche de Gason était davantage la Terre. Il allait repartir vers la sienne, dans les contrées magnifiques et redoutables de la Baie d'Authie. 

 

 

Le lendemain, à l'aube, chambre de Gason.

 

 -      Gason : Habille-moi Philêminion. Et en route pour une nouvelle grande aventure !... Toi aussi, tu commences à y être habitué.

-      Philêminion : Je préfère de loin vivre ici plutôt que dans les dunes. Et tout cela m'angoisse un peu, Seigneur Gason. Mais tout le monde me dit "Aaah, quelle chance tu as de suivre le grand mini-homme dans ses quêtes légendaires et d'être au nombre des Sablonautes !"

-      Gason : Le grand mini-homme... Bin mince. Il y a 28 ans, j'arrivais dans le désert comme un proscrit. J'avais 20 ans à peine. Au retour, ils ont fait de moi un roi. Ils pétochaient déjà beaucoup à l'époque et c'est encore pire aujourd'hui, même si bien peu comprennent ce que symbolise le Poisson d'Or. Quelle étonnante aventure cela avait été...

 

"D'année en année, je retournais dans le désert avec une armée chaque fois plus nombreuse. Mais le premier voyage fut bien moins spectaculaire. Cela a suffi pour faire naître tous ces contes autour des exploits des Sablonautes."

 

"Nous étions à peine 30. Ma famille, mes amis, nos gens... Ton père aussi, qui était déjà à mon service à ton âge. Nous étions chassés de la cité et nous voulions y revenir en vainqueurs, en écrasant la tribu des Reulous avec la magie."

 

"Nous avons mis la main sur cet objet légendaire et magnifique, porteur de bien des promesses, mais qui s'est avéré être un leurre, un condensé de magie noire à l'origine obscure, abandonné dans le sable avec de sombres desseins, par qui et pour quoi, mystère. Les perspectives qu'il nous ouvrait étaient pourtant alléchantes.

Il avait des pouvoirs, je crois que c'est vrai malgré mon pragmatisme naturel. Son possesseur voyait ses forces et son courage décuplés. L'objet magique devait aussi écarter les coups des adversaires et les hypnotiser. Mais il paraît que toute bonne magie a son revers, ses effets retour indésirables. C'est toujours pareil : ça commence par de la magie blanche, puis, très vite, ça noircit... Les ambitieux y ont laissé leur sagesse et leur bon sens, jusqu'à la folie, souvent aussi leur vie. C'était pour tous un piège mortel, qui exerçait une terrible influence sur le cours des événements. Le balancier revenait inévitablement du côté de la pagaille générale et de la déchéance. La fragile Orchide à peine née a bien failli disparaître, terrassée par des trahisons internes et par l'attaque des Reulous. On m'a raconté que le Poisson d'Or avait causé l'effondrement de la première petite civilisation oyatsine, à l'époque lointaine où les Grands étaient encore fort peu nombreux à Berck."

 

"J'avais le destin de notre mini-peuple entre les mains et j'ignorais ce qui se passait. On ne m'avait pas encore donné toutes les informations utiles sur l'objet de cette Quête désespérée." 

 

"Un sorcier me donna de bons conseils. La chose était trop chargée en énergie négative et il fallait l'éloigner des mini-gens, pour leur salut. Nous allâmes enfouir le Poisson d'Or sous une pyramide de sable, dans une vallée difficile d'accès, pour le soustraire à la lumière du soleil. Ses pouvoirs devaient ainsi être neutralisés."

 

"L'objet est surtout dangereux pour ce qu'il provoque comme passions violentes, incontrôlables, illusions et pertes de sens. Nous n'avions juste pas les capacités de maîtriser ses pouvoirs, nous l'avons donc caché. De fait, je devins le gardien en chef du sanctuaire qui l'abrite, la vallée secrète dans les dunes sur laquelle déjà deux générations de Sablonautes ont gardé un oeil vigilant. Les meilleurs éléments de la IIIe Légion, les plus forts intérieurement, ont été sélectionnés dans ce but par moi, mon frère et mon oncle. Par la suite, la colonie d'Authiegane a été créée pour ça, la surveillance, mais ce n'est pas officiel, bien sûr. Au fait, notre aventure est-elle si datée qu'elle intéresse déjà des archéologues hédoniens ?... Je prends un sacré coup de vieux, là !"

 

-      Philêminion : Des archéologues, mais surtout des militaires ! Depuis, la vallée secrète recèle bien d'autres choses aussi puissantes et mauvaises enfouies dans le sable. Par chance, ils ne connaissent que le Poisson d'Or. 

 

 -      Gason : C'est vrai. Mais à lui seul, il peut déjà faire beaucoup de dégâts. Ramener cette petite saleté à la lumière du jour, c'est exposer l'Orchide, et peut-être tout le mini-monde, à des conséquences qui peuvent aller jusqu'à l'auto-destruction... Si une telle catastrophe se produit, nous n'aurons même plus à nous soucier de garder le secret de notre existence aux yeux des Grands au milieu desquels nous vivons... Je ne sais pas bien quel crédit accorder aux visions de ma nièce, même s'il m'arrive d'être convaincu par la magie. Ce qui est sûr et très concret, en revanche, c'est que son frère court droit au désastre s'il prétend affronter les envahisseurs. Si je ne peux pas intercéder auprès d'eux pour qu'ils renoncent à cette funeste convoitise, si une guerre est inévitable, il vaudrait mieux que Quintovic ait la patience d'attendre les renforts. Mon frère Yadêmokyblès commandera personnellement la IIe Légion pour aller au secours de son crétin de fils sur le terrain. Et c'est reparti...

 

 A SUIVRE...

EPISODE 2 CI-DESSOUS

 

 

Gason Authienoüs s'était mis en route, tout doucement.

 

 

En fait, très inutilement, il avait pris son bateau pour traverser le bassin aux poissons rouges, alors que l'aérodrome pouvait facilement être atteint par la route qui traversait le jardin du nord au sud.

 

 

Avant de s'envoler à son tour vers Arrochelle, Gason marqua un arrêt à Mirakénèse, juste contre la véranda de la maison des Grands Protecteurs, au QG de la IIe Légion, pour choisir les unités destinées à la campagne du désert. 

 

 

On montra à Gason les Pierres de Protection de la IIe Légion. Plus personne n'y croyait vraiment, mais elles restaient dans les esprits comme un symbole, ou une mascotte. Gason se souvenait avoir eu beaucoup de pierres aux vertus bénéfiques dans son entourage, autrefois. Mais leur effet n'avait pas dû être si concluant que ça. Ou bien elles n'avaient pas reçu les soins compliqués qu'elles demandaient.

 

 

L'Archonte de la ville offrit un banquet aux Seigneurs Gason et Yadêmokyblès et à leur petite armée qui se préparait au départ. Mais il n'avait pas vraiment fait dans le cossu...

 

 

 Baie d'Authie, la cité souterraine du petit royaume d'Authiegane.

 

 

 

Les arènes de la cité, huitième sous-sol.

 

-      Général Chantalladçouss : ...Et nous avons noté un creusement du sol à l'entrée de la Passe des Epines. Nous recommandons à Sa Majesté d'interdire l'accès aux crêtes ouest, qui sont maintenant en surplomb de la mer. Cependant, les dégâts dûs aux dernières grandes marées sont surtout manifestes au nord et au sud de l'Authiegane et le vent continue de faire reculer la grande dune de la Vigie, ce qui, d'une certaine manière, renforce la barrière naturelle au nord de la vall...

 

-      Dame  Latêtokaré : Pardonne-moi de t'interrompre dans ton exposé, cher général, mais nous avons une invitée surprise qui fera bien plaisir à mon bien-aimé fils, le jeune et puissant roi Quintovic !

 

 -      Quintovic : GELDOUSH !!!

 

 -      Quintovic : Je suis trop heureux de te voir ! Je ne veux plus que tu partes ! On reste ensemble ici pour toujours !

 

-      Geldoush : Tu m'as manqué, mon Altesse de frère. Mais je suis venu te dire que je m'en vais, justement. Et tu pars avec moi. Tout le monde part d'ici ! J'ai eu une vision... A compter du solstice d'été, il va se passer 55 jours avant la destruction totale de l'Authiegane et de ses habitants. Et peut-être plus encore que ça... Bon, hélas, j'ai mis du temps pour enfin atteindre la cité et il ne reste que 49 jours. Quintovic, des ennemis implacables sont en train de débarquer dans les dunes pour retrouver la vallée du Poisson d'Or et récupérer cet objet néfaste. C'est le basculement cruel et définitif du mini-monde qui se prépare s'ils réussissent !

 

-      Quintovic : Rien que ça !! Tu t'affoles pour rien, voyons ! Je suis au courant depuis hier de l'arrivée d'une toute petite armée coloniale hédonienne et du soulèvement des Flammenkuchois contre le roi de Casteigne. La IIIe Légion est prête à se mettre en marche et nous allons remettre bon ordre dans tout ça. Ils n'atteindront même pas la vallée secrète.

-      Geldoush : Ma vision était violente et explicite : Tu ne gagneras pas cette bataille !

-      Quintovic : Tout le monde le disait aussi avant que je mette la pâtée aux Reulous, et regarde ! A 18 ans, je suis le nouveau héros du mini-monde berckois ! Je suis passé dans toutes les télés des nations du jardin d'Arrochelle ! Je suis plus célèbre que notre oncle Gason ! Notre père Yadêmokyblès , lui, était surnommé le "Lion du Potager" pour sa bravoure et son intelligence tacticienne. Je tiens de lui, sans aucun doute ! Qu'est-ce que tu penses de "Quintovic, le Renard du Désert" ? J'espère que ce n'est pas déjà pris ! Ooh !! Viens, j'ai quelque chose à te montrer !

 

-      Geldoush : Tu écoutes ce que je dis, ou pas tellement ? Tu es si dispersé parfois, on a l'impression que tu es plusieurs... Ah... Oui, c'est beau, qu'est-ce que c'est ?

-      Quintovic : Tu n'as jamais vu ça ? C'est une pièce de monnaie des Grands. Perdue dans le sable, tout près d'ici.

 

-      Geldoush : ...Tout près d'ici...

-      Dame Latêtokaré : Vous vous amusez bien mes enfants ? Mon Quinquin, fais donc honneur à ta mère et habille-toi mieux avant ton rendez-vous avec l'ambassadeur casteignan !

-      Quintovic : Au diable les ambassadeurs ! Ma soeur est revenue parmi les siens et c'est prioritaire ! Le sénateur Mêladate va gérer ça.

-      Geldoush : Maman, mon Frère, je crois que vous ne vous rendez pas compte du danger qu'il y a à vivre ici ! On sait depuis des années que l'érosion des dunes ne fait que s'aggraver, la mer emporte le sable et les arbres des forêts côtières. Comme il n'y a plus de plage à marée haute, les Grands traversent tranquillement l'Authiegane, et c'est comme ça qu'il font tomber des pièces quasiment sur nos têtes ! Un jour prochain, la cité peut s'effondrer ou être découverte par des promeneurs ! La confrérie des Grands Protecteurs ne peut pas vous protéger de tout si vous n'êtes pas assez prudents ! Elle pourrait d'ailleurs décider de vous transposer ailleurs sans demander votre avis.

 

-      Dame Latêtokaré : Ne dramatisons pas, ma chérie... Chantalladçouss a nommé une commission d'experts. Ils ont juste remarqué quelques arbres qui penchaient un peu plus, assez loin vers l'ouest. Nous avons encore de longues années devant nous. Quant aux Grands, il n'y a encore jamais eu de mauvaises rencontres avec eux et nous sommes assez malins pour que cela continue ! La confrérie le sait et elle respecte l'accord de non-ingérance. Et puis partir, partir... On n'évacue pas 800 personnes comme ça du jour au lendemain, ma chérie.

-      Quintovic : Qui parle d'évacuer ?! Ici, tout nous sourit, Geldoush ! La Nature, le Destin, l'Histoire, les Armes !... La colonie est prospère et la vie y est douce. La mer monte et les arbres tombent ? La belle affaire ! L'Authiegane fête ses 10 ans cette année et elle est repartie pour 10 ans, et 10 ans, et 10 ans de plus sous mon règne ! Mais tu dois être fatiguée par ce long voyage ! Allons faire une sieste, Maman va nous chanter notre chanson ! Veux-tu prendre un bain ? Manger quelque chose ? Oui, c'est certain, tu dois être épuisée !

 

"Dors, min p'tit quinquin
Min p'tit pouchin
Min gros rojin !
Te m'feras du chagrin
Si te n'dors point j'qu'à d'main."

 

Ainsi l'aut' jour eun' pauvr' dintellière
In amiclotant sin p'tit garchon
Qui, d'puis tros quarts d'heure, n'faijot que d' braire
Tâchot l'indormir par eun' canchon.
Ell' li dijot : "Min Narcisse
D'main t'aras du pain d'épice,
Du chuc à gogo
Si t'es sache et qu' te fais dodo."

 

Pendant que Dame Latêtokaré chantait, les envahisseurs progressaient vers les dunes avec détermination.

"Et si te m'laich' faire eun' bonn' semaine
J'irai dégager tin biau sarrau
Tin patalon d'drap, tin giliet d'laine,
Comme un p'tit milord, te s'ras faraud !
J' t'acat'rai, l'jour d'la ducasse
Un porichinell' cocasse
Un turlututu
Pour juer l'air du Capiau-pointu." 

 

"Nous irons dins l'cour Jeannette-à-Vaques,
Vir les marionnettes comme te riras
Quind t'intindras dire un doup' pou Jacques !
Par l'porichinelle qui parle magas
Te li mettras dins s'menotte,
Au lieu d'doupe un rond d'carrotte
Il t'dira merci
Pins' comme nous arons du plaisi !"

 

"Et si par hazard sin maîte eus'fâche,
Ch'est alors Narciss' que nous rirons
Sans n'avoir invie, j'prindrai m'n'air mache,
J'li dirai sin nom et ses surnoms
J'li dirai des fariboles,
I m'in répondra des drôles
Infin, unchacun
Verra deux spectac' au lieu d'un..."

 

 

A SUIVRE...

 

 

Dunes de la baie d'Authie. Cité souterraine du royame d'Authiegane.

 

-      Quintovic : Mon oncle Gason est ici... Evidemment, il n'a pas pu s'en empêcher, il a fallu qu'il revienne !

-      Chantalladçouss : Il est encore un peu chez lui... Et il arrive avec des renforts, c'est plutôt une très bonne nouvelle, à mon sens.

-      Quintovic : Et voilà, jusqu'à mon grand-oncle le fameux général qui doute de ma capacité à mener cette guerre et à sauver l'Authiegane en 55 jours...

 

-      Geldoush : Il n'a pas dit ça, mon cher frère. Il pense seulement que nous avons besoin de tous ceux qui ont une grande expérience de ces contrées sauvages.

-      Gêpludklop : Nous aimons tous le seigneur Gason, mon roi, mais il a fait son temps. Cette fois, la gloire est pour toi. Nos ennemis viennent parce qu'ils font l'erreur de nous sous-estimer. Tu vaincras, sans aucun doute.

-      Quintovic : ...Absolument... C'est à moi de résoudre ce problème. Tant mieux si j'entre à mon tour dans la légende, après tout ça restera toujours dans la famille !

 

-      Gason : Bonjour Quintovic. Je ne pensais pas revenir si tôt. Mais les circonstances...

-      Quintovic : On ne te voit guère que si elles sont dramatiques. C'est gentil d'être venu, mais nous avons ici la situation bien en main.

 

-      Gason : "C'est gentil" ?... Quintovic, ce qui se passe est extrêmement grave ! On ne rigole pas avec le Poisson d'Or ! Et pas plus avec l'armée hédonienne ! Je viens d'abord te dissuader de partir en campagne avec trop de précipitation.

-      Quintovic : Je te remercie de ta sollicitude et de ton soutien. Mais ce n'est pas seulement ce supposé objet magique qui est en cause, c'est avant tout l'Authiegane que l'on attaque ! Ceci est MA guerre, ceci est MA quête, et je dois la mener à la tête de MON armée. Tu ne peux pas débarquer comme ça et décider de tout. Le peuple attend de moi que je le guide, et je le guiderai vers la victoire. Tu ne crois donc pas en mes mérites ? N'ai-je pas déjà vaincu les Reulous ?

 

-      Gason : Je suis le premier à t'en féliciter. Je veux juste te rappeler à une nécessaire prudence. Je te propose de préparer un plan avant toute action.

-      Gêpludklop : Notre roi a déjà un plan, Seigneur Gason. Mais ton aide ne sera pas complètement inutile. Puisque le Poisson d'Or est ta priorité, tu pourrais, avec ta légion, aller sécuriser la vallée et négocier avec qui voudra bien négocier. Cela dit, j'ai le regret de t'informer que personne n'a voulu nous répondre, ni les Hédoniens, ni les Flammenkuchois. Pendant ce temps, notre bien-aimé Sire engagera l'ennemi dans les dunes et lui donnera sa juste punition.

-      Gason : ...Mon neveu, qui est ce jeune homme qui se mêle de discuter de stratégie militaire avec nous ?

-      Quintovic : Gêpludklop est mon conseiller privé et il parle subtilement. Oui, c'est une très bonne idée ! Faisons ainsi ! Retrouvons-nous demain matin, mon oncle ! Tu dois être fatigué de ce long voyage ! Maman va bien s'occuper de toi !

 

-      Gason : ...En effet... Diviser nos forces contre deux ennemis dont nous ne connaissons pas la position dans le désert, j'ai rarement entendu un conseil aussi subtil... Nous partons pour plusieurs semaines d'angoisse !

-      Geldoush : Ne le laisse pas tomber ! Maman l'étouffe déjà beaucoup, tu sais bien, il faut le comprendre... Il t'adore, tu es son modèle. Mais il y a des modèles qui écrasent... Il y a trop de gens qui t'aiment. Mon frère a très à coeur de faire ses preuves à son tour. Même si cela doit être contre toi.

-      Gason : Je n'ai rien contre... Il a besoin d'aide et donc, soit, je me ferai tout petit. Si nos deux légions doivent marcher séparément, il faut organiser un système de contact permanent pour parer aux mauvaises surprises.

-      Chantalladçouss : Je m'en occupe, Gason. Avec Tibias, nous allons monter une équipe d'éclaireurs-messagers, des gens aptes à se déplacer rapidement et sans se perdre dans le sable, de jour comme de nuit.

 

 

-      Dame Latêtokaré : Mon Quinquin, que fais-tu donc là ? Tu pars à la guerre demain ! Tu vas être fatigué avant même de te mettre en marche.

-     Quintovic : Maman, une fois dans le désert, nous aurons tout le temps pour, tout à la fois, marcher et dormir. Ce sera un long voyage.

 

-     Dame Latêtokaré : Je m'en doute. C'est pourquoi j'emporte le strict minimum.

-     Quintovic : Parce que tu entends accompagner l'armée ?! Te rends-tu bien compte de ce que c'est que la vie en pleine nature, et en campagne militaire ? Ce sera très dur ! Il y aura peu de serviteurs pour emporter les bagages et nous ne pourrons pas assurer le meilleur confort pour toi et tes dames de compagnie.

-     Dame Latêtokaré : Ce n'est pas l'armée que j'accompagne, c'est toi. Geldoush tient à venir, pourquoi pas moi ? Je veux être là partout pour toi, c'est normal. Ce sera dur ? Dis, tu m'as regardée ? Tu ne vois pas comme j'ai su rester, à 50 ans, jeune, belle, et sportive ? Et pourquoi ? Parce que j'ai divorcé de ton père, le grand prince Yadêmokyblès, dès après la naissance de ta soeur. Quant à mes dames, elles ne partent pas. Elle n'aiment pas l'aventure. Mais moi, je n'ai pas de réticences. Je veux toujours vivre pleinement et voir de mes yeux le triomphe et le bonheur de mon fils !

 

-     Quintovic : Vivre pleinement, quelle belle philosophie ! Je sais bien que tu es la plus belle et la plus forte des mamans. La plus complice. Et que tu espères beaucoup de moi. Un peu trop peut-être ?...

-      Dame Latêtokaré : Je veux que tu sois heureux, de la manière qui te plaît. Comme moi. Et ce qui me plaît, c'est de partir avec toi.

-      Quintovic : C'est une magnifique idée ! Allons, pourquoi dormir ?! Vivons pleinement, plutôt !

 

-      Dame Latêtokaré : Avancez, les stupides ennemis, les médiocres agresseurs. Mon fils vous fera mettre à genoux et vous reconnaîtrez le nouveau héros d'Orchide. Et je serai là, avant qu'ils succombent ou se rendent, car oui, leur choix sera très simple, pour leur dire : voilà MON fils, le roi Quintovic ! Sa carrière ne fait que commencer et les méchants augures ne le gênent pas. Il sera, à n'en pas douter, le plus grand des mini-hommes. Il dissipera le lourd complexe de petitesse qui nous fige dans notre timidité et notre effroi, et il parlera aux Grands en égal. Il nous fera connaître et respecter. Le destin est en marche. Prenez garde !

 

-      Dame Latêtokaré : Emmesdos, c'est toi ? Mon ex-mari est donc là aussi ? Pourquoi n'est-il pas venu ce soir ?

-      Emmesdos : Mon maître le général Yadêmokyblès campe avec la IIe Légion au sud, Noble Dame. Il m'envoie te prévenir qu'il viendra au déjeuner à l'aube, si seulement il t'est agréable de le voir paraître.

-      Dame Latêtokaré : Quel idiot ! Bien sûr qu'il est le bienvenu au déjeuner ! Il m'est agréable de te revoir aussi. Voilà de bons souvenirs qui remontent et d'autres couverts qui ne demandent qu'à être remis pour un nouveau service...

-      Emmesdos : A ton service, Noble Dame. Puisqu'il s'agit de vivre pleinement.

 

 

-      Gason : Geldoush... On m'a dit que tu partais avec nous. Dans ce cas, tu devrais dormir un peu. La nuit est bien avancée.

 

-      Geldoush : Comment dormir... Quand je ferme les yeux, la vision du Poisson d'Or incandescent m'assaille et me terrorise. Je vois toujours la destruction, la fin d'un monde... La gloire de mon frère et ensuite, du feu autour de lui, du sable qui l'étouffe, de l'eau qui l'emporte... puis le noir complet, plus de perceptions... Comme si j'étais morte aussi. Et dire que je ne l'ai jamais vu, ce... cette chose.

-      Gason : Tu le verras sûrement. Même si les individus qui le cherchent ne parviennent pas à le trouver, nous serons sans doute obligés de l'extraire avec beaucoup de précautions pour le mettre à l'abri ailleurs, vraiment hors d'atteinte. Essaie de calmer ton inquiétude pour ton frère. Nous mettons tout en oeuvre pour que cette expédition se passe bien. Mais aurons-nous la faveur du destin ? C'est une autre histoire. Repose-toi.  

 

Le roi et ses proches ne dormaient pas non plus. Il se réjouissaient, ils mangeaient et buvaient plus que de raison. L'allégresse emplissait leurs coeurs, elle était motivée par l'orgueil et le goût de l'aventure. La nouvelle Quête allait commencer. Dès le lendemain, les armées allaient se rassembler et demander la protection des esprits de la Nature pour cet inoubliable voyage.

 

 

 

 

 

Et les deux légions orchidiennes partirent. Elles s'engagèrent dans ce monde extérieur riche de mille dangers mortels qui semblait ne pas être à leur échelle, mais qu'ils avaient appris, depuis 10 ans, à connaître. Le connaissaient-ils assez pour le maîtriser et ne pas se laisser dévorer par lui ? Ils en étaient certains. 

 

 

 Ils étaient 208. Ils étaient fiers, heureux et excités comme des gamins, ils marchaient avec légèreté et confiance. Dès le matin du deuxième jour, les légions prirent des chemins divergents, comme prévu.

 

Le jeune roi Quintovic était naturellement le plus léger et le plus enthousiaste de tous. Tout le monde comprenait qu'il avait, d'une certaine manière, repris le pouvoir sur sa mère. Ils en souriaient d'attendrissement, même sa soeur bein-aimée. Le jeune homme ordonnait et tout le monde obéissait ; il déplaçait des colonnes d'hommes avec quelques mots et des grains de sables colorés sur les cartes avec le petit doigt, tout bougeait selon sa seule et irrévocable volonté. Pour lui, c'était magique et grisant.

 

-      Quintovic : Voilà le topo : nos adversaires ne savent pas où est la vallée du Poisson d'Or. Donc, ils la cherchent. Et nous, nous les cherchons aussi. Notre travail est de les trouver et de les neutraliser avant qu'ils se rapprochent de leur objectif.

-      Dame Latêtokaré : C'est bien résumé, mon Quinquin. Ah oui... Voilà ! En fait, ils peuvent être n'importe où !

-      Chantalladçouss : ...Oui, c'est pour ça que cette traque peut durer très longtemps. Peut-être plus que 55 jours.

-      Geldoush : 45, maintenant...

 

 

A SUIVRE...

 

 

Les mini-gens d'Orchide parcouraient à nouveau le désert si vaste et intimidant. Les jours et les nuits se succédaient et on ne voyait encore nulle trace des Hédoniens ou des Flammenkuchois. Un jeu de cache-cache démesuré se déroulait au ras du sol.

 

La IIIème Légion campa dans un lieu étrange. Un sanctuaire de sable qui était immuable depuis des décennies. Dans un rayon de quelques mètres autour d'une pyramide d'améthyste laissée là par quelque magicien et qui gouvernait cette vallée dunaire, jamais le vent ni la pluie ne venaient altérer les constructions de sable.  

 

Geldoush étaient plus que jamais anxieuse de voir se rapprocher l'échéance de sa vision désastreuse. Quelle forme allait prendre le déchaînement de la malédiction du Poisson d'Or une fois qu'il aurait été découvert par les aventuriers ennemis ? Elle voulut entrer en communication spirituelle avec la pyramide pour appeler une nouvelle vision.

 

-      Quintovic : Allons, ma chérie ! Tu perds ton temps avec ces vaines superstitions !

-      Geldoush : Ne fais pas ça... Il y a toutes les chances pour que ton poiscaille doré en soit une aussi.

 

-      Quintovic : Tout ce qui m'intéresse, c'est qu'il fait peur à tout le monde ! Cette quête est fondée bien plus sur la psychologie que sur la magie.

-      Geldoush : Je t'affirme, moi, qu'il va nous porter malheur.

 

-      Quintovic : Tu me parles de malheur alors que je ne me suis jamais senti aussi heureux ! Libre ! Sans entraves ! Détends-toi et savoure donc notre belle liberté ! La vraie quête n'est-elle pas au fond celle du plaisir et du bonheur ? Prends-les où ils sont, ils te tendent la bouche et les bras ! Vis donc ! Jouis ! Savoure ! Aime ! Hhhhh, viens avec moi, Emmesdos...

 

-      Colonel Gambas Opporto : Le roi et ses favoris sont bien les seuls à être heureux ici, Princesse.

-      Geldoush : Oui, ils sont comme des poissons dans l'eau... Colonel Gambas, je vous sais aussi raisonnable que mon grand-oncle Chantalladçouss. Ouvrez l'oeil, je vous en prie, protégez mon frère. Il est en extase mais la partie dure de l'aventure n'a pas encore vraiment commencé.

 

 

Le lendemain, Gason Authienoüs et sa IIème Légion marquaient eux aussi une étape dans le sanctuaire. Le prince voulut revoir la pyramide d'améthyste, qu'il avait découverte lors de son premier voyage 30 ans plus tôt. Mais il ne trouva à la place qu'un petit tas de cendres. L'Oracle de la Vallée-sans-vent avait-il, à sa manière, répondu aux questionnements de Geldoush ?

 

 

Les jours passaient, le voyage continuait. Autour des aventuriers, la nature était belle et redoutable. Les nomades du désert s'y laissaient parfois prendre, malgré leur grande expertise.

 

 

On y faisait aussi de plaisantes rencontres. Et les chasseurs avaient de quoi s'exercer.

 

 

 

La vie en plein air avait son charme. Le roi faisait bonne figure comme doit le faire un chef de guerre qui ne craint ni les éléments ni les privations. Sa mère, cependant, ne le privait pas de son affection.

 

-      Dame Latêtokaré :

Allors, serr' tes yeux, dors, min bonhomme,
J'vas dire eun' prière à P'tit-Jésus
Pour qu'y vienne ichi, pindant tin somme
T'faire rêver qu'jai les mains plein's d'écus
Pour qu'y t'apporte eun' coquille,
Avec du chirop qui guille
Tout l'long d'tin minton
Te pourlèqu'ras tros heur's de long!

 

Un jour, une alerte provoqua un grand émoi dans le camp de la IIIe Légion : un détachement orchidien était tombé nez à nez avec des éclaireurs flammenkuchois. Mais le temps que le roi accoure en personne avec sa garde personnelle, la belle opportunité avait tourné en une méchante affaire qui n'avait laissé qu'un seul survivant. Le jeune Quintovic laissa exploser une rage qu'on ne lui connaissait pas.

 

 -      Quintovic : Comment cela est-il possible, sergent Glavio Anligniatou ?! Il fallait les attirer vers nous, pas engager ici le combat !!

-      Le sergent : Je suis confus, Mon Roi, je suis désolé. Nous n'avons pas eu l...

 

 -      Quintovic : Tais-toi, idiot !! Vois ce que tu as fait !! Tu nous déshonores tous !!

 

-      Quintovic : Exécutez-le. Tuez cet abruti !

-      Le sergent : Sire !!

 

 

 

Le lendemain soir, Gason et son frère Yadêmokyblès reçurent une visite. Le secrétaire du roi et son escorte n'avaient marché que 3 heures pour atteindre le camp de la IIe Légion. Quintovic connaissait cette proximité et ne semblait pas s'en étonner. Pourtant, elle contrevenait clairement à ses ordres de départ, et elle perdurait depuis le départ aussi. Il avait sans doute renoncé à donner des ordres à son père le Lion du Potager et à son oncle trop célèbre, trop aimé de tous.

 

-      Yadêmokyblès : Tiens ! Salut à toi, Juliena Calaisio ! Gason, tu te souviens de lui ?

-      Gason : ...Mm-mm...

-      Juliena Calaisio : Je salue les deux grands princes qui nous manquent tant !  Seigneur Gason, je suis heureux de te revoir !

-      Yadêmokyblès : Que fais-tu là ? Tout va bien ? Tu as un peu grossi, non ?

-      Juliena Calaisio : Non, pas du tout.

 

-      Yadêmokyblès : Juliena a été mon secrétaire jusqu'à ce que je remette la couronne d'Authiegane à mon fils.

C'est un excellent assistant, un bosseur efficace et fidèle et un bon vivant !

-      Gason : Ah ?...

-      Juliena Calaisio : Je suis toujours au service de Quintovic. Ce n'est pas lui qui m'amène dans votre camp, mais l'inquiétude, Messeigneurs. Depuis que nous avons quitté la cité, je vois des choses qui sont de nature à mettre en danger le roi et son armée.

 

-      Yadêmokyblès : Ce qui met mon fils le plus en danger, c'est mon fils lui-même, hélas. Sa mère n'est pas d'une aide très... constructive. Quant aux Flammenkuchois, ils se sont fondus dans le paysage. Nous sommes arrivés trop tard et avons raté l'occasion de les coincer. Viens te restaurer avec nous, mon ami.

 

-      Tibias : Gason ne dit rien... Il semble subjugué et intimidé par le pétillant secrétaire du roi.

-      Philêminion : Eh oui, il ne changera pas. Il est spontanément esclave de tout homme qui lui sourit et lui fait un sincère compliment. Mais d'esclaves, lui n'en a qu'un : C'est moi. Moi-moi-moi et re-moi. Et j'en suis pas peu fier !

 

-      Juliena Calaisio : Je crains que Quintovic commence à fermer la porte à sa conscience. Il est impatient, énervé de voir que l'ennemi lui coule entre les doigts comme le sable entre ceux des Grands. Il me fait peur.

-      Gason : Vois-tu, je fais exprès de rapprocher mon armée de la sienne, sans qu'il le remarque trop. J'ai un devoir de vigilance envers lui. Toi aussi. Il a besoin de gens équilibrés autour de lui.

-      Juliena Calaisio : Si je te dis que le roi a fait exécuter en secret, et de la plus cruelle des façons, l'officier qui a fait fuir les Flammenkuchois après avoir perdu tous ses hommes... Est-ce qu'on dira que je l'ai trahi ?

 

-      Gason : Non. La jurisprudence appelle ça un "lanceur d'alerte".

 

 

Trois jours de plus avaient passé et les armées continuaient à faire des ronds dans le sable. Et par un après-midi légèrement pluvieux, une patrouille découvrit le camp des Hédoniens. Le hasard les avait amené à moins de 2 jours de marche de la vallée du Poisson d'Or. Et il avait aussi conduit les troupes d'Authiegane quasiment sur eux...

 

-      Quintovic : Je dois rêver !! Les Hédoniens sont arrivés si près qu'ils pourraient presque lire par-dessus mon épaule et pas un de vous ne les a repérés ! Vous êtes donc tous fatigués ou incompétents ?!

 

-      Dame Latêtokaré : Mon doux fils, ils ne nous ont pas encore vus. Pour eux aussi la surprise sera totale. Nous avons le terrain pour nous, nous avons le nombre, il faut charger leur camp sans attendre !

-      Chantalladçouss : Ah si, il vaut mieux attendre ! Si nous voulons avoir les meilleures chances, il faut organiser une approche avec la IIe Légion, qui n'est qu'à 3 heures de marche d'ici !

 

-      Quintovic : Il fera nuit quand Gason et mon père arriveront !

-      Chantalladçouss : Nous aurons donc tout le temps de nous préparer en toute discrétion pour une attaque cohérente, au petit matin.

 

-      Quintovic : Les cueillir au réveil... Pas très glorieux, mais nous les écraserons, c'est sûr ! Envoie des messagers à mes oncles ! Demain, nous réglerons notre problème principal !

 

 

 -     Colonel Gustav Pim's : Là... Je suis perplexe... Lieutenant, avons-nous des rapports ?

-      Le lieutenant : Non, Monsieur. C'est vrai, j'étais hésitant et c'était bien au début, mais j...

 

-     Gustav Pim's : ...Des rapports d'éclaireurs, Sigismond... A-t-on enfin localisé la IIe Légion ? Gason a-t-il rejoint les forces de Quintovic ? C'est ça que je veux savoir ! Demain à l'aube, vous enverrez des patrouilles à l'orée de ces broussailles inutiles dont je commence à faire une indigestion...

-      Le lieutenant : Le capitaine d'Argousiers et sa compagnie de pisteurs y ont déjà établi leur campement. Je leur envoie un message.

 

-      Gustav Pim's : Madame, Messieurs... Je ne suis pas du tout inquiet à l'idée d'affronter les Orchidiens, pourvu que leur armée soit encore divisée. La vallée du Poisson d'Or est tout près d'ici, je le sens ! Vous allez bientôt pouvoir vous mettre au travail. J'aimerais être rentré à Sablonique pour la fin du mois.

-      Madame Vulpin des Prés : De toute façon, nous n'avons pas l'intention de l'étudier sur place. Nous sommes nous aussi pressés d'en finir avec cette longue expédition et de vraiment commencer notre travail à l'Institut. Si le gouvernement et l'Armée sont toujours prêts à nous faire un peu confiance...

 

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