Les mini-gens d'Orchide parcouraient à nouveau le désert si vaste et intimidant. Les jours et les nuits se succédaient et on ne voyait encore nulle trace des Hédoniens ou des Flammenkuchois. Un jeu de cache-cache démesuré se déroulait au ras du sol.

 

La IIIème Légion campa dans un lieu étrange. Un sanctuaire de sable qui était immuable depuis des décennies. Dans un rayon de quelques mètres autour d'une pyramide d'améthyste laissée là par quelque magicien et qui gouvernait cette vallée dunaire, jamais le vent ni la pluie ne venaient altérer les constructions de sable.  

 

Geldoush étaient plus que jamais anxieuse de voir se rapprocher l'échéance de sa vision désastreuse. Quelle forme allait prendre le déchaînement de la malédiction du Poisson d'Or une fois qu'il aurait été découvert par les aventuriers ennemis ? Elle voulut entrer en communication spirituelle avec la pyramide pour appeler une nouvelle vision.

 

-      Quintovic : Allons, ma chérie ! Tu perds ton temps avec ces vaines superstitions !

-      Geldoush : Ne fais pas ça... Il y a toutes les chances pour que ton poiscaille doré en soit une aussi.

 

-      Quintovic : Tout ce qui m'intéresse, c'est qu'il fait peur à tout le monde ! Cette quête est fondée bien plus sur la psychologie que sur la magie.

-      Geldoush : Je t'affirme, moi, qu'il va nous porter malheur.

 

-      Quintovic : Tu me parles de malheur alors que je ne me suis jamais senti aussi heureux ! Libre ! Sans entraves ! Détends-toi et savoure donc notre belle liberté ! La vraie quête n'est-elle pas au fond celle du plaisir et du bonheur ? Prends-les où ils sont, ils te tendent la bouche et les bras ! Vis donc ! Jouis ! Savoure ! Aime ! Hhhhh, viens avec moi, Emmesdos...

 

-      Colonel Gambas Opporto : Le roi et ses favoris sont bien les seuls à être heureux ici, Princesse.

-      Geldoush : Oui, ils sont comme des poissons dans l'eau... Colonel Gambas, je vous sais aussi raisonnable que mon grand-oncle Chantalladçouss. Ouvrez l'oeil, je vous en prie, protégez mon frère. Il est en extase mais la partie dure de l'aventure n'a pas encore vraiment commencé.

 

 

Le lendemain, Gason Authienoüs et sa IIème Légion marquaient eux aussi une étape dans le sanctuaire. Le prince voulut revoir la pyramide d'améthyste, qu'il avait découverte lors de son premier voyage 30 ans plus tôt. Mais il ne trouva à la place qu'un petit tas de cendres. L'Oracle de la Vallée-sans-vent avait-il, à sa manière, répondu aux questionnements de Geldoush ?

 

 

Les jours passaient, le voyage continuait. Autour des aventuriers, la nature était belle et redoutable. Les nomades du désert s'y laissaient parfois prendre, malgré leur grande expertise.

 

 

On y faisait aussi de plaisantes rencontres. Et les chasseurs avaient de quoi s'exercer.

 

 

 

La vie en plein air avait son charme. Le roi faisait bonne figure comme doit le faire un chef de guerre qui ne craint ni les éléments ni les privations. Sa mère, cependant, ne le privait pas de son affection.

 

-      Dame Latêtokaré :

Allors, serr' tes yeux, dors, min bonhomme,
J'vas dire eun' prière à P'tit-Jésus
Pour qu'y vienne ichi, pindant tin somme
T'faire rêver qu'jai les mains plein's d'écus
Pour qu'y t'apporte eun' coquille,
Avec du chirop qui guille
Tout l'long d'tin minton
Te pourlèqu'ras tros heur's de long!

 

Un jour, une alerte provoqua un grand émoi dans le camp de la IIIe Légion : un détachement orchidien était tombé nez à nez avec des éclaireurs flammenkuchois. Mais le temps que le roi accoure en personne avec sa garde personnelle, la belle opportunité avait tourné en une méchante affaire qui n'avait laissé qu'un seul survivant. Le jeune Quintovic laissa exploser une rage qu'on ne lui connaissait pas.

 

 -      Quintovic : Comment cela est-il possible, sergent Glavio Anligniatou ?! Il fallait les attirer vers nous, pas engager ici le combat !!

-      Le sergent : Je suis confus, Mon Roi, je suis désolé. Nous n'avons pas eu l...

 

 -      Quintovic : Tais-toi, idiot !! Vois ce que tu as fait !! Tu nous déshonores tous !!

 

-      Quintovic : Exécutez-le. Tuez cet abruti !

-      Le sergent : Sire !!

 

 

 

Le lendemain soir, Gason et son frère Yadêmokyblès reçurent une visite. Le secrétaire du roi et son escorte n'avaient marché que 3 heures pour atteindre le camp de la IIe Légion. Quintovic connaissait cette proximité et ne semblait pas s'en étonner. Pourtant, elle contrevenait clairement à ses ordres de départ, et elle perdurait depuis le départ aussi. Il avait sans doute renoncé à donner des ordres à son père le Lion du Potager et à son oncle trop célèbre, trop aimé de tous.

 

-      Yadêmokyblès : Tiens ! Salut à toi, Juliena Calaisio ! Gason, tu te souviens de lui ?

-      Gason : ...Mm-mm...

-      Juliena Calaisio : Je salue les deux grands princes qui nous manquent tant !  Seigneur Gason, je suis heureux de te revoir !

-      Yadêmokyblès : Que fais-tu là ? Tout va bien ? Tu as un peu grossi, non ?

-      Juliena Calaisio : Non, pas du tout.

 

-      Yadêmokyblès : Juliena a été mon secrétaire jusqu'à ce que je remette la couronne d'Authiegane à mon fils.

C'est un excellent assistant, un bosseur efficace et fidèle et un bon vivant !

-      Gason : Ah ?...

-      Juliena Calaisio : Je suis toujours au service de Quintovic. Ce n'est pas lui qui m'amène dans votre camp, mais l'inquiétude, Messeigneurs. Depuis que nous avons quitté la cité, je vois des choses qui sont de nature à mettre en danger le roi et son armée.

 

-      Yadêmokyblès : Ce qui met mon fils le plus en danger, c'est mon fils lui-même, hélas. Sa mère n'est pas d'une aide très... constructive. Quant aux Flammenkuchois, ils se sont fondus dans le paysage. Nous sommes arrivés trop tard et avons raté l'occasion de les coincer. Viens te restaurer avec nous, mon ami.

 

-      Tibias : Gason ne dit rien... Il semble subjugué et intimidé par le pétillant secrétaire du roi.

-      Philêminion : Eh oui, il ne changera pas. Il est spontanément esclave de tout homme qui lui sourit et lui fait un sincère compliment. Mais d'esclaves, lui n'en a qu'un : C'est moi. Moi-moi-moi et re-moi. Et j'en suis pas peu fier !

 

-      Juliena Calaisio : Je crains que Quintovic commence à fermer la porte à sa conscience. Il est impatient, énervé de voir que l'ennemi lui coule entre les doigts comme le sable entre ceux des Grands. Il me fait peur.

-      Gason : Vois-tu, je fais exprès de rapprocher mon armée de la sienne, sans qu'il le remarque trop. J'ai un devoir de vigilance envers lui. Toi aussi. Il a besoin de gens équilibrés autour de lui.

-      Juliena Calaisio : Si je te dis que le roi a fait exécuter en secret, et de la plus cruelle des façons, l'officier qui a fait fuir les Flammenkuchois après avoir perdu tous ses hommes... Est-ce qu'on dira que je l'ai trahi ?

 

-      Gason : Non. La jurisprudence appelle ça un "lanceur d'alerte".

 

 

Trois jours de plus avaient passé et les armées continuaient à faire des ronds dans le sable. Et par un après-midi légèrement pluvieux, une patrouille découvrit le camp des Hédoniens. Le hasard les avait amené à moins de 2 jours de marche de la vallée du Poisson d'Or. Et il avait aussi conduit les troupes d'Authiegane quasiment sur eux...

 

-      Quintovic : Je dois rêver !! Les Hédoniens sont arrivés si près qu'ils pourraient presque lire par-dessus mon épaule et pas un de vous ne les a repérés ! Vous êtes donc tous fatigués ou incompétents ?!

 

-      Dame Latêtokaré : Mon doux fils, ils ne nous ont pas encore vus. Pour eux aussi la surprise sera totale. Nous avons le terrain pour nous, nous avons le nombre, il faut charger leur camp sans attendre !

-      Chantalladçouss : Ah si, il vaut mieux attendre ! Si nous voulons avoir les meilleures chances, il faut organiser une approche avec la IIe Légion, qui n'est qu'à 3 heures de marche d'ici !

 

-      Quintovic : Il fera nuit quand Gason et mon père arriveront !

-      Chantalladçouss : Nous aurons donc tout le temps de nous préparer en toute discrétion pour une attaque cohérente, au petit matin.

 

-      Quintovic : Les cueillir au réveil... Pas très glorieux, mais nous les écraserons, c'est sûr ! Envoie des messagers à mes oncles ! Demain, nous réglerons notre problème principal !

 

 

 -     Colonel Gustav Pim's : Là... Je suis perplexe... Lieutenant, avons-nous des rapports ?

-      Le lieutenant : Non, Monsieur. C'est vrai, j'étais hésitant et c'était bien au début, mais j...

 

-     Gustav Pim's : ...Des rapports d'éclaireurs, Sigismond... A-t-on enfin localisé la IIe Légion ? Gason a-t-il rejoint les forces de Quintovic ? C'est ça que je veux savoir ! Demain à l'aube, vous enverrez des patrouilles à l'orée de ces broussailles inutiles dont je commence à faire une indigestion...

-      Le lieutenant : Le capitaine d'Argousiers et sa compagnie de pisteurs y ont déjà établi leur campement. Je leur envoie un message.

 

-      Gustav Pim's : Madame, Messieurs... Je ne suis pas du tout inquiet à l'idée d'affronter les Orchidiens, pourvu que leur armée soit encore divisée. La vallée du Poisson d'Or est tout près d'ici, je le sens ! Vous allez bientôt pouvoir vous mettre au travail. J'aimerais être rentré à Sablonique pour la fin du mois.

-      Madame Vulpin des Prés : De toute façon, nous n'avons pas l'intention de l'étudier sur place. Nous sommes nous aussi pressés d'en finir avec cette longue expédition et de vraiment commencer notre travail à l'Institut. Si le gouvernement et l'Armée sont toujours prêts à nous faire un peu confiance...

 

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