• La Mort à Merlimont - Episode 1

    Mixer "Mort à Venise" et "Tarzan", et en faire une grande aventure du Monde Miniature, c'est possible. Après "Les 55 jours du P'tit Quinquin" (rubrique 8), voici, après deux mois de travail,  la nouvelle mini-superproduction de cette année. J'espère qu'elle vous plaira.

    D.B.

    Episode 1

     

    Le Monde Miniature de Sasgarion

    présente :

    LA MORT A MERLIMONT

     

     

    Quelque part dans l'immensité dunaire entre Berck et Merlimont...

    Avril 1928

     

    Episode 1

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    Village de Merlimont, juin 1937

     

    Nous voici sur la Côte d'Opale, près du Touquet.

    C'était une jolie maison de vacances, récemment construite dans le style régional des villas de bord de mer. Elle était entourée d'une belle véranda dont les propriétaires ne profitaient pas. Son usage était réservé à une communauté qui appartenait aux nations miniatures secrètes, dont les colonies principales étaient à l'époque à Amiens et dans plusieurs petites villes de Normandie et de Sologne. Le Docteur Cazin était leur Grand Protecteur local.

     

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    Les mi-gens ne sont pas très différents de nous. Eux aussi possèdent une classe aisée avide de bien-être et de choses luxueuses. La mini-nation hédonienne avait créé dans cette maison un lieu de villégiature où se retrouvaient pacifiquement de nombreux vacanciers de plusieurs nations. On y menait une vie calme et reposante, culturelle, ou aventureuse, selon les goûts. Et, comme dans toute bonne société, on y refaisait virtuellement le monde, le petit comme le grand.

     

    Episode 1

    -      Commandant Salicorne : Après la grande guerre que les Grands se sont livrée, et les traumatismes qu'elle a causés, je ne pense pas qu'ils auront envie de remettre ça. Et puis ça les regarde, pas nous.

    -      Monsieur de Favières : Pourtant, le temps n'est pas au pacifisme. Il y a eu bien d'autres guerres depuis et les régimes politiques se durcissent. Et puis si nos colonies se prennent des obus ou des bombes, ça nous regardera de très près... Ah, Monsieur, vous faites la moue ! Mais voyez donc : en Europe, il y a beaucoup de dictatures, on dit que tout va dans le sens d'un nouvel affrontement général.

         

    Episode 1

    -      Dame Geldoush : Oui, l'Allemagne, l'Italie, la Russie, l'Espagne...

    -      Salicorne : Vous êtes trop pessimistes.

    -      Dame Geldoush : Au fait, a-t-on enfin des indices de l'existence d'autres civilisations miniatures dans ces pays ?

     

    Episode 1

    -      Salicorne : Non, hélas, jusqu'à preuve du contraire, nous sommes seuls dans l'univers.

    -      Dame Geldoush : Comme c'est dommage !

    -      Gretel Plüschaussämeyer : Tiens !... Commandant, ce n'est pas la première fois que j'entends des gens évoquer cette question avec vous. Faites-vous partie de cette... commission d''enquête ?

     

    Episode 1

    -      Salicorne : Oui, tout à fait. Cela s'appelle le CISMI, le Comité d'investigation sur les sociétés miniatures inconnues. Je suis l'un des trois délégués hédoniens, qui sont, avec d'autres mini-gens et des Grands Protecteurs de plusieurs régions de France, membres de ce comité. Une bien difficile mission ! Jusqu'à présent, notre seul titre de gloire est d'avoir découvert, il y a 6 ans, grâce au travail du sous-comité consacré à la quête de nos origines, les deux tribus qui vivaient près du Touquet, comme vous le savez. Ces mini-gens, les Reulous et les Oyatsines, ont été pendant quelques temps mis à l'abri dans cette maison qui venait d'être construite, avant d'être relocalisés au dehors, au fond de la propriété, dans des conditions naturelles plus adaptées à leur mode de vie.   

    -      Gretel Plüschaussämeyer : On dit que votre gouvernement n'a pas été tendre au sujet de cette adaptation... Il se pourrait qu'un jour ils viennent demander des comptes.

    -      Salicorne : En tout cas, Madame, cette habile pacification vous a permis d'obtenir la concession de votre hôtel dans cette colonie, qui est devenue en moins de deux ans un magnifique et douillet lieu de loisirs pour toute la bonne société. Je vous assure qu'ils sont bien installés et que nous sommes ici en parfaite sécurité.

     

    Episode 1

    -      Salicorne : La colonie les aide en cas de besoin. Ces deux tribus se font juste un tout petit peu la guerre de temps en temps, mais c'est dans leur culture. Nous ne sommes pas concernés.

    -      Gretel Plüschaussämeyer : Tous comme les Hédoniens et les Casteignans, à peu près tous les trois ans. C'est culturel...

    -      Madame Créquoise : J'aime bien le mot "relocalisation" ! C'est si délicieusement hypocrite !

         

    Episode 1

    -      Salicorne : Êtes-vous sarcastiques, mesdames ?

    -      Gretel Plüschaussämeyer : Oui ! Nous venons toutes deux de Beljamique, au Neubourg. Allons, cher commandant, passons à table. Mathilde a préparé du camembert frit avec une belle groseille.

    -      Salicorne : Ah ! Je suis affligé de devoir m'en priver mais j'ai rendez-vous chez le gouverneur ce midi. Je me rattraperai demain. Je voulais vous demander, Madame Créquoise : y a-t-il un Monsieur Créquois ? On ne le voit jamais.

     

    Pension Plüschaussämeyer, 14h00.

     

    Episode 1

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    -      Otorino Tadukawa : Bonjour Gretel !

    -      Gretel : Bonjour Otorino ! Je ne vous ai pas vu ce matin ! Vous étiez déjà au travail. Votre film va vous épuiser !

     

    §Episode 1

    -      Otorino : Oui, il faut que je me ménage des pauses. Mais les renforts arrivent ! Auriez-vous une belle suite disponible pour recevoir une célébrité ? Mon ancien professeur de cinéma et mon mentor, Raynald Von Bulot, a accepté de travailler avec moi sur le scénario et la réalisation de mon grand projet. Il arrive d'Amiens avec la voiture des Grands.

    -      Gretel : Oui, je peux le recevoir, avec plaisir ! Il a déjà séjourné à Merlimont l'automne dernier, je crois.

     

    Episode 1

    -      Otorino : Oui, il était descendu à l'Impérial, mais c'était avec sa femme, quelques semaines avant son décès. Depuis, il se laisse aller à une sombre mélancolie et il est devenu un tantinet bizarre, assez maniaque, distant, renfermé... Souvent narquois jusqu'au risque d'être blessant. Il est très exigeant et difficile à satisfaire.

    -      Gretel : Eh bien, ça donne envie ! Je ferai de mon mieux pour le mettre à l'aise.   

    -      Otorino : Je le sais, vous y arriverez, c'est certain. Même neurasthénique, c'est aussi un bourreau de travail quand il s'agit de cinéma. Une fois dans de bonnes conditions, il donnera le meilleur de lui-même sur ce film d'avant-garde qui fera date.

     

    Episode 1

    -      Gretel : Un film de guerre pacifiste avec de vrais militaires de plusieurs mini-nations rivales, oui, je me doute que ça va intriguer.

    -      Mathilde : Et pour la cuisine ? A-t-il des revendications spéciales ?

    -      Otorino : Je ne sais pas... Mais c'est vrai que la cuisine sera un élément crucial pour l'apprivoiser.

     

    Episode 1

    -      Gretel : Nous acceptons votre défi ! Ce ne sera pas le premier client difficile que nous aurons eu !

    -      Otorino : Il pourrait quand même être un peu... imprévisible, déstabilisant. mais il a voulu absolument venir dès que je lui ai téléphoné, malgré les mauvais souvenirs qu'il a ici. Ou à cause d'eux, peut-être... Bon, souhaitons-nous bonne chance. Je pars le chercher au bâtiment d'accueil.

    -      Gretel : Ne vous inquiétez pas ! Je vais le dresser, moi, votre dépressif !

     

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    Raynald Von Bulot, le plus grand des mini-cinéastes de cette époque, était bien arrivé à la colonie miniature logée dans la véranda, côté sud. Le train n'avait pas de retard, ce qui était encore heureux pour une ligne qui reliait seulement la véranda et le garage du docteur Cazin.

     

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    -      Otorino : Voilà. Je te laisse en de bonnes mains avec la patronne. On se retrouve à la sortie n° 5 de la véranda. J'ai installé un bureau d'été sur le sable.

    -      Von Bulot : J'exècre le sable, je l'ai peut-être trop vu !

    -      Otorino : Ha ! Ha ! Le sable est l'un de nos principaux figurants ! Sans lui, pas de film !

     

    Episode 1

    -      Gretel : Bienvenue, Monsieur Von Bulot ! Je vous propose de visiter un peu... Votre suite est dans ce couloir, à droite. J'espère qu'elle vous plaira. 

    -      Von Bulot : Volontiers. Laissez-moi seul, s'il vous plaît, le temps de musarder.

    -      Gretel : ...Entendu...

     

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    -      Gretel : Cela vous plaît, Monsieur ?

    -      Von Bulot : Votre hôtel est démodé, la déco est trop maniérée, c'est sombre, biscornu, la chambre est sinistre... Oui, ça me plaît beaucoup. Je vais être bien ici. Merci, vraiment !

    -      Gretel : ...J'en suis heureuse !

     

    Episode 1

    -      Von Bulot : Donc oui, je souhaite rester jusqu'au 20 juillet, ou plus si c'est nécessaire. Je voudrais prendre mes repas dans la chambre, si c'est possible. Qu'y aura-t-il ce soir ?

    -      Gretel : C'est noté. Mais, Monsieur Tadukawa vous a peut-être dit que nous étions tous invités ce soir au banquet donné par le gouverneur aux généraux étrangers qui participent au film.

    -      Von Bulot : Ah oui... C'est vrai... Déjà des mondanités. Bon, puisqu'il le faut...

     

    Episode 1

    -      Gretel : Je souhaite que vous vous sentiez ici comme chez vous. Nous n'avons que cinq suites, c'est assez intime.

    -      Von Bulot : Je ne me sens plus vraiment chez moi nulle part...

    -      Gretel : Ou ce qui serait idéalement chez vous. Ne discutez pas avec moi. Nous sommes tous à votre écoute pour tout souci, toute question.

    -      Von Bulot : Merci. Je vais me préparer pour ce soir. Merci encore.

     

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    -      Madame Créquoise : C'est la princesse Yapludô, héritière du trône d'Orchide, avec sa suite. Le festival de la fanfreluche.

    -      Von Bulot : Magnifique tableau, superbement suranné. Une éblouissante potiche. Il faut qu'elle apparaisse dans notre film.

    -      Madame Créquoise : Si j'en crois ce que l'on murmure à son sujet, cette idée ne lui donnera pas mal à la tête, pourvu que le cachet fasse de l'effet. L'Orchide est assez démunie...

    -      Otorino Tadukawa : L'Orchide oui, mais pas ses princesses.

     

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    -      Otorino Tadukawa : Ah... Justement, le gouverneur vient de me parler d'une étrange rumeur. Plusieurs client de l'Impérial Palace auraient été pris de malaises après le déjeuner. Il y aurait un mourant, peut-être victime d'une allergie. C'est si vite arrivé, une réaction allergique...

    -      Von Bulot : Nous sommes tellement petits et fragiles, comme ces minuscules insectes qu'un souffle peut tuer. Un rien peut nous abattre alors que nous sommes si fiers de nous et de notre réussite. C'est notre pitoyable destin : n'être que du rien qui retourne au rien d'un rien. Peut-être au fond ne sommes-nous qu'une anomalie biologique et sans issue de l'évolution, une impasse, une erreur, que la Nature se chargera un beau jour d'éradiquer.

     

    Episode 1

    -      Madame Créquoise : C'est rien triste ce que vous dites. Vous voulez donc nous déprimer aussi ? Ils ont surtout trop mangé, c'est tout. Ces repas hédoniens sont des orgies de graisse et de sucre dans lesquels on s'englue en perdant tout sens de la mesure.

    -      Gretel Plüschaussämeyer : Vous faites bien de rester chez moi. Mathilde est une vraie bonne cuisinière qui sait équilibrer les choses.

     

    Episode 1

     

    Le lendemain matin, les mondanités reprirent pour Raynald Von Bulot, mais à une autre échelle. Le Grand Protecteur, le docteur  Gustave Cazin, voulu recevoir l'illustre mini-personnage pour le café, dans la maison.

     

    Episode 1

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    -      Otorino Tadukawa : C'est bon, là ? Vous m'entendez, Monsieur Cazin ? J'espère que ça va aller...

    -      Von Bulot : On dirait que je vais chanter une chanson ! J'ai l'habitude de parler aux Grands, ne t'en fais pas.

     

    Episode 1

    -      Docteur Cazin : Merci d'être venu, Monsieur Von Bulot. Depuis 30 ans que je suis dans la Confrérie des Grands protecteurs, il ne se passe pas une journée sans que je sois fasciné par votre civilisation et ses grands noms. Et donc, notre ami Otorino me dit que vous êtes LE grand nom du cinéma des nations miniatures.

    -      Von Bulot : C'est me faire trop d'honneur ! Je me suis éloigné ces derniers temps de tout ceci et j'en ai profité pour me retourner sur mon "oeuvre" : je la trouve creuse et sinistre. Et puis, le public des Vingt Peuples miniatures, c'est 150 000 personnes à tout casser. J'ai conscience que sans l'aide de Grands comme vous, qui connaissent et protègent le secret de notre existence depuis des siècles, notre espèce se serait éteinte, ou, au mieux, aurait vivoté au stade primitif et au ras du sol. Nous avons côtoyé des savants, des alchimistes, des illuminés géniaux, des aventuriers, Nostradamus, Les Curie, Jules Verne, Diderot, Pasteur, Lavoisier, et bien d'autres, tous membres de cette société secrète, et nous avons bien profité d'eux. Et du coup, c'est vrai, notre civilisation est plus avancée en science et en technologie, mais pas en humanité. Je nous trouve, moi, d'une banalité extrême. Bref, tout cela est tellement surfait. Avez-vous vu mes films ?

    -      Docteur Cazin : Malheureusement non... Les pellicules sont trop petites. Encore du café ? J'avoue que j'ai encore du mal à le doser pour mes mini-invités.

     

    Dans la soirée...

     

    Episode 1

    -      Von Bulot : Merci de m'avoir fait cette proposition. J'ai lu et relu ton scénario... Je suis emballé, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps. Revenir ici, dans ce lieu si douloureux, pour accomplir un travail tout neuf... Il y a là quelque chose de thérapeutique. Revenons au sujet. Le casting est très dense, nous sommes au bord de la surpopulation ! Belle performance que d'avoir réuni tous ces gens pour un projet qui est si transgressif par rapport à ce qu'ils sont. Ils ont tous joué le jeu, c'est remarquable. Mais nous devrons mieux exploiter les extérieurs pour les scènes de bataille. Je n'ai pas vu beaucoup de matériel.

    -      Otorino : Six autres techniciens et cameramen vont arriver avec armes et bagages, en plus des dix que nous avons déjà. Nous sommes aussi en train d'aménager un espace pour la scène qui est le point d'orgue du film.

    -      Von Bulot : En plus des projecteurs, il sera bon d'ajouter des flammes pour la lumière.

     

    Episode 1

     -      Von Bulot : Au fait, qui est cette femme silencieuse qui nous suit et note tout ce que nous disons ?

    -      Otorino : Mais... c'est Géraldine, notre assistante...

    -      Von Bulot : Aah, nous avons une assistante ?! Très bien. Il faut vraiment que je me remette dans le bain, moi.

     

     

      A SUIVRE...

    DANS L'EPISODE 2 CI-DESSOUS

     

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